Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/363

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les intérêts de votre consulat, rassemblait tous mes vœux sur lui seul ! si enfin vous me secondiez dans mes sollicitations, vous dont les avis sont d’une si grande autorité, et le témoignage d’un si grand poids dans le sénat ! Adieu.


XVI. - Pline à Valerius Paullinus.

Réjouissez-vous pour vous, pour moi, pour notre siècle : les lettres sont encore en honneur. Ces jours derniers, je devais plaider devant les centumvirs ; la foule était immense, et je ne pus trouver passage, qu’à travers le tribunal et l’assemblée des juges. Un jeune homme, d’un rang distingué, eut sa tunique déchirée, ainsi qu’il arrive souvent dans la foule : il n’en resta pas moins, et durant sept heures entières, couvert seulement de sa toge[1] ; car je parlai sept heures, avec beaucoup de fatigue, et plus de succès encore. Travaillons donc, et ne donnons plus pour excuse à notre paresse l’indifférence du public. Nous ne manquerons ni d’auditeurs ni de lecteurs : ayons soin, à notre tour, qu’ils ne manquent ni de bons discours à écouter, ni de bons livres à lire. Adieu.

  1. Couvert seulement de sa loge. On a demandé comment il avait pu se faire que la toge fût restée entière, la tunique étant déchirée : quelques commentateurs concluaient de cette prétendue invraisemblance qu’il fallait substituer toga à tunicis, et vice versa. Ils n’ont pas songé que la tunique, étant plus étroite, devait se déchirer plutôt que la toge par les efforts qu’on faisait en luttant contre la foule. De Sacy, soigneux comme à l’ordinaire de conserver la couleur antique, traduisait : « Il demeura pourtant couvert de sa seule veste sept heures entières. »