Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/403

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II. - Pline à Flaccus.

Les grives[1] que vous m’avez envoyées sont si belles, que je ne puis, ni sur terre, ni sur mer, par ce temps orageux, trouver à ma maison de Laurente, de quoi vous rendre votre cadeau. Attendez-vous donc à une lettre stérile, et franchement ingrate. Je ne veux pas même imiter l’adresse de Diomède à échanger des présens[2]. Mais je connais votre indulgence : vous me pardonnerez d’autant plus facilement, que je me reconnais moins digne de pardon. Adieu.

III. - Pline à Àriston.

Entre une infinité d’obligations que je vous ai, je compte pour une des plus grandes, que vous ayez bien voulu m’apprendre avec tant de franchise la longue discussion qui s’est élevée chez vous sur mes vers, et les différens jugemens que l’on en porte. J’apprends que plusieurs personnes, sans trouver mes vers mauvais, me blâment, en amis vrais et sincères, d’en composer et de les lire. Ma réponse me rendra encore bien plus coupable à leurs yeux. Je fais quelquefois des vers légers ; je compose des comédies, et je vais en écouter au théâtre ; j’assiste au spectacle des mimes[3] ; je lis volontiers les poètes lyriques ; je m’amuse même des

  1. Les grives. Ces grives n’étaient pas des oiseaux ; c’étaient des poissons. Voyez Pline l’ancien, ix, i5 ; xxxii, ii ; ColUmellE, viii, 16 et 17 ; VARRON, De ling. lat. , iv, 12 ; QUintilien, vIii, 2.
  2. L’adresse de Diomède, etc. Diomède avait échangé des armes de fer contre des armes d’or avec Glaucus. D. S. Voyez Homère, Iliad. vi, 236.
  3. Au spectacle des mimes. Genre de comédie licencieux. Le plus fameux auteur en ce genre fut ce Laherius que César fit monter sur le théâtre à soixante ans. — J’ai suivi dans toute celte phrase la leçon de Schæfer : le texte joint à la traduction portait : Facio nonnunquam versiculos severos parum, facio : nam et comædias audio, etc.