Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/407

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Mais je lis publiquement mes ouvrages, et peut-être n’ont-ils pas lu les leurs J’en conviens ; c’est qu’ils pouvaient, eux, s’en rapporter à leur propre jugement : moi, j’ai une conscience trop modeste, pour croire parfait ce qui me paraît tel. Je lis donc à mes amis, et j’y trouve plus d’un avantage. Par respect pour l’auditoire qui l’écoutera, un auteur apporte plus de soin à ses écrits. D’ailleurs, s’il a des doutes sur son ouvrage, il les résout, comme à la pluralité des voix. Enfin, il reçoit différens avis de différentes personnes ; et, si l’on ne lui en donne point, les yeux, l’air, un geste, un signe, un bruit sourd, le silence même, parlent assez clairement à qui ne les confond pas avec le langage de la politesse. C’est au point que si quelqu’un de ceux qui m’ont écouté, voulait prendre la peine de lire ce qu’il a entendu, il trouverait que j’ai changé ou retranché des endroits d’après son avis même, quoiqu’il ne m’en ait pas dit un mot. Et notez que je me défends comme si j’avais rassemblé le peuple dans une salle publique, et non pas mes amis dans ma chambre : avoir beaucoup d’amis a souvent fait honneur, et n’a jamais attiré de reproche. Adieu.

IV. - Pline à Valerianus.

Je vais vous conter une chose peu importante en elle-même, mais dont les suites le seront beaucoup[1]. Solers, ancien préteur[2], a demandé au sénat la permis-

  1. Mais dont les suites le seront beaucoup. De Sacy avait fait ici un contresens : il avait dit : » Je vais vous conter une chose peu
  2. Solers, ancien préteur. Solers est un nom propre : De Sacyen avait fait un adjectif, et traduisait : Un homme qui a exercé lapréture, et qui est très-éclairé sur ses intérêts.