Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/409

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sion d’établir des marchés sur ses terres. Les députés de Vicente[1] s’y sont opposés ; et Tuscilius Nominatus s’est présenté pour les défendre. L’affaire fut remise. Les Vicentins revinrent au sénat un autre jour, mais sans avocat. Ils se plaignirent d’avoir été trompés, soit qu’ils le crussent ainsi, soit que ce mot leur eût échappé. Le préteur Nepos leur demanda quel avocat ils avaient chargé de leur cause ils répondirent que c’était le même qui les avait accompagnés la première fois : ce qu’ils lui avaient donné. . . ils dirent qu’il avait reçu d’eux six mille sesterces : s’ils ne lui avaient rien donné depuis. . . ils déclarèrent qu’ils lui avaient encore payé mille deniers. Nepos a requis que Nominatus fût mandé. C’est tout ce qui se passa ce jour-là. Mais, si je ne me trompe, cette affaire ira plus loin : car il est bien des choses qu’il suffît de remuer, ou de toucher légèrement, pour qu’elles éclatent[2]. J’ai éveillé votre curiosité ; mais que de temps, que de prières ne faudra-t-il pas, pour que je vous apprenne le reste ! si cependant, pour le savoir, vous n’aimez mieux venir à Rome, et être spectateur plutôt que lecteur. Adieu.

V. - Pline à Maxïmus.

ON me mande que C. Fannius est mort. Cette nouvelle m’afflige beaucoup. J’aimais sa politesse et son éloquence, et je prenais volontiers ses avis. Il était naturellement pénétrant, consommé dans les affaires par une longue expérience, et fertile en expédiens. Ce qui

  1. Les députés de Vicente. Cité transpadane, sur les limitesdu territoire de Venise, aujourd’hui Vicence.
  2. Qu’il suffit de remuer, etc. Il y avait dans De Sacy : « Carla plupart des choses cachées ont de grandes suites. » Il avait sans,doute lu tacita au lieu de tacta.