Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/441

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IX. - Pline à Saturnin.

Votre lettre a fait sur moi des impressions fort diverses ; car elle m’annonçait tout à la fois d’agréables et de fâcheuses nouvelles.

Les nouvelles agréables sont que vous restez à Rome. Vous en êtes fâché, dites-vous ; mais moi, j’en suis ravi. Vous m’annoncez encore que vous attendez mon retour pour faire une lecture de vos ouvrages[1], et je vous rends mille grâces de vouloir bien m’attendre.

Les nouvelles fâcheuses sont, que Julius Valens est fort malade : encore, à ne consulter que son intérêt, doit-on le plaindre ? il ne peut rien lui arriver de plus heureux que d’être au plus tôt délivré d’un mal incurable. Mais ce qui est vraiment triste, ce qui est déplorable, c’est la mort de Julius Avitus, au moment où il revenait de sa questure ; il a expiré dans le vaisseau même, loin d’un frère qui l’aimait tendrement, loin de sa mère et de ses sœurs. Toutes ces circonstances ne sont plus rien pour lui, maintenant qu’il est mort ; mais qu’elles lui ont été cruelles, dans ses derniers momens ! qu’elles le sont encore à ceux qui lui survivent ! Quel chagrin de voir enlever, dans la fleur de l’âge, un jeune homme d’une si belle espérance, et que ses vertus auraient élevé au plus haut rang, si elles eussent eu le temps de mûrir ! Quel amour n’avait-il point pour les lettres ! que n’a-t-il point lu ! combien n’a-t-il point écrit ! que de biens perdus avec lui pour la postérité ! Mais pourquoi me laisser aller à la douleur ? quand on s’y livre sans réserve, il n’est point

  1. Vous m’annoncez encore, etc. De Sacy traduisait comme s’il y avait propterea, quod recitaturum, etc. , « j’ai lieu d’être content, puisque vous m’assurez que vous n’attendez que mon retour pour, etc. »