Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/457

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voirs de la mienne. Je souhaite fort que vous quittiez votre Campanie dans le même temps, afin qu’après mon retour à Rome, il n’y ait aucun jour de perdu pour notre intimité. Adieu.

XVI. - Pline à Marcellin.

Je vous écris accablé de tristesse. La plus jeune des filles de notre ami Fundanus vient de mourir[1]. Je n’ai jamais vu une personne plus enjouée, plus aimable, plus digne de vivre long-temps, plus digne de vivre toujours. Elle n’avait pas encore quatorze ans, et déjà elle montrait toute la prudence de la vieillesse, toute la gravité d’une femme accomplie, sans rien perdre de cette innocente pudeur, de ces grâces naïves, qui prêtent tant de charme au premier âge. Avec quelle tendresse elle se jetait dans les bras de son père ! avec quelle douceur et avec quelle modestie ne recevait-elle pas ceux qu’il aimait ! avec quelle équité elle partageait son attachement entre ses nourrices et les maîtres qui avaient cultivé ou ses mœurs ou son esprit ! Que de zèle et de goût dans ses lectures ! quelle sage réserve dans ses jeux ! Vous ne sauriez vous imaginer sa retenue, sa patience, sa fermeté même dans sa dernière maladie. Docile aux médecins, attentive à consoler son père et sa sœur, lors même que toutes ses forces l’eurent abandonnée, elle se soutenait encore par son seul courage. Il l’a accompagnée jusqu’à

  1. La plus jeune des filles de notre ami Fundanus, etc. L’éditeur de la traduction de De Sacy avait donné le texte de Cortius, tristissimus hœc tibi scribo, Fundani nostri filia minore defuncta : je l’ai corrigé d’après les dernières éditions.