Page:Pline le Jeune Lettres I Panckoucke 1826.djvu/465

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Toscane, la chasse et l’étude m’occupent tour à tour, et quelquefois l’une et l’autre en même temps. Cependant je serais encore fort embarrassé de décider lequel est le plus difficile à faire, d’une bonne chasse, ou d’un bon ouvrage. Adieu.

XIX. - Pline à Paullinus.

Je vous avouerai ma douceur pour mes gens, d’autant plus franchement, que je sais avec quelle bonté vous traitez les vôtres. J’ai constamment dans l’esprit ce vers d’Homère :

Il eut toujours pour eux le cœur d’un tendre père[1] ;

et je n’oublie point le nom de père de famille, que parmi nous on donne aux maîtres. Mais quand je serais naturellement plus insensible et plus dur, je serais encore touché du triste état où se trouve mon affranchi Zosime : je lui dois d’autant plus d’égards, qu’ils lui sont plus nécessaires. Il est fidèle [2], complaisant, instruit : son talent principal, et son titre, pour ainsi dire, c’est celui de comédien. Il déclame avec force, avec goût, avec justesse, même avec grâce, et il sait jouer de la lyre, mieux qu’un comédien n’a besoin de le savoir[3]. Ce n’est pas tout : il lit des harangues, des histoires et des vers, comme s’il n’avait jamais fait autre chose.

  1. Il eut toujours pour eux, etc. HomèrE, Odyss. II, 47.
  2. Mieux qu’un comédien n’a besoin de le savoir. Ce n’est pas, mieux qu’il appartient à un comédien, comme l’a traduit De Sacy : il y a entre les deux expressions une nuance qu’on apercevra aisément.