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VIE DE PLOTIN

avait épousé la fille de Théodose, ami d’Ammomtis. Il était médecin, et très cher à Plotin, qui chercha à le retirer des affaires publiques, pour lesquelles il avait de l’aptitude et dont il s’occupait avec ardeur. Notre philosophe vécut avec lui dans une très-grande liaison ; il se retira même à la campagne de Zéthus, éloignée de six milles de Minturnes. Castricius, surnommé Firmus, avait possédé ce bien. Personne, de notre temps, n’a plus aimé la vertu que Firmus : il avait pour Plotin la plus grande vénération ; il rendait à Amélius les mêmes services qu’aurait pu lui rendre un bon domestique ; il avait pour moi les mêmes attentions qu’un frère. Cependant cet homme si attaché à Plotin était engagé dans les affaires publiques.

Plusieurs sénateurs venaient aussi écouter Plotin. Marcellus Orontius, Sabinillus et Rogatianus s’appliquèrent sous lui à l’étude de la philosophie. Ce dernier, qui était également membre du sénat, s’était tellement détaché des choses de la vie, qu’il avait abandonné ses biens, renvoyé tous ses domestiques et renoncé à ses dignités. Nommé préteur, au moment d’entrer en exercice et quand déjà les licteurs l’attendaient, il ne voulut point sortir ni remplir aucune fonction de cette dignité. Il ne voulait pas même habiter dans sa maison : il allait chez ses amis ; il y prenait de la nourriture et il y couchait ; il ne mangeait que de deux jours l’un ; et par ce régime, après avoir été goutteux à un tel point qu’il fallait le porter dans une chaise, il reprit ses forces et étendit les mains avec autant de facilité que ceux qui exercent les arts mécaniques, quoique auparavant il ne pût faire aucun usage de ses mains. Plotin avait beaucoup d’amitié pour lui : il en faisait de grands éloges, et il le proposait comme modèle à tous ceux qui voulaient devenir philosophes. Sérapion d’Alexandrie fut aussi son disciple : il avait d’abord été rhéteur ; il s’appliqua ensuite à la philosophie ; il ne put cependant se guérir de l’avidité des richesses ni de l’usure. Plotin me mit aussi (moi Porphyre, Tyrien de naissance) au nombre de ses amis intimes, et il me chargea de donner la dernière main à ses ouvrages.

VIII. C’est qu’une fois qu’il avait écrit, il ne pouvait pas retoucher ni même relire ce qu’il avait fait, parce que la faiblesse de sa vue lui rendait toute lecture fort pénible. Le carac-