vertu. Pour l’intelligence, la pensée est ce qui constitue la sagesse et la prudence ; la conversion vers soi-même est la tempérance ; l’accomplissement de sa fonction propre est la justice ; ce qui est l’analogue du courage, c’est la persévérance de l’intelligence à rester en soi-même, à se maintenir pure et séparée de la matière. Donc contempler l’intelligence constituera pour l’âme la sagesse, la prudence, qui sont alors des vertus et non plus des types. Car l’âme n’est pas comme l’intelligence identique aux essences qu’elle pense. Les autres vertus de l’âme correspondront de la même manière aux types supérieurs. Nous en dirons autant de la purification. Puisque toute vertu est purification, la vertu exige qu’on se soit purifié ; sans cela, elle ne serait point parfaite.
Quiconque possède les vertus de l’ordre supérieur possède nécessairement en puissance les vertus inférieures. Mais celui qui possède les inférieures ne possède pas nécessairement les supérieures. Tels sont les principaux caractères de la vie de l’homme vertueux.
Il nous resterait à considérer s’il possède en acte ou d’une autre façon les vertus, soit supérieures, soit inférieures. Pour le savoir, il faudrait examiner séparément chacune d’elles, la prudence, par exemple[1]. Comment cette vertu subsiste-t-elle si elle emprunte d’ailleurs ses principes, si elle n’est pas en acte ? Qu’arrivera-t-il si une vertu s’avance naturellement jusqu’à un certain degré, et une autre vertu jusqu’à un autre degré ? Que dire de la tempérance qui modère certaines choses et en supprime certaines autres ? On peut élever les mêmes questions au sujet des autres vertus, en consultant la prudence, qui jugera à quel degré les vertus sont parvenues[2].