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LIVRE TROISIÈME.


DE LA DIALECTIQUE OU DES MOYENS D’ÉLEVER L’ÂME AU MONDE INTELLIGIBLE.[1]


I. Quelle méthode, quel art, quelle étude nous conduira au but qu’il faut atteindre, et qui n’est autre que le Bien, le Premier Principe, Dieu, comme nous l’avons solidement prouvé ailleurs[2], par une démonstration qui peut servir elle-même à élever l’âme au monde supérieur ? Que doit être celui qu’il s’agit d’élever à ce monde ? Il doit tout savoir, ou du moins être le plus savant possible, comme le veut Platon[3]. Il doit, dans la première génération, être descendu ici-bas pour former un philosophe, un musicien, un amant. Car ce sont là les hommes que leur nature rend les plus propres à être élevés au monde intelligible. Mais comment les y élever ? Suffit-il d’une seule et même méthode pour tous ? N’est-il pas besoin pour chacun

  1. La Dialectique, telle que l’entend ici Plotin, est à la fois une méthode logique et une science : comme science, elle paraît se confondre avec ce que nous appelons Métaphysique, et plus particulièrement avec notre Ontologie (Voy. ci-après le § 4). C’est le sens que Platon donne lui-même au mot Dialectique en plusieurs endroits de ses écrits, notamment dans la République, liv. vii, § 12 et 13, p. 533 de l’édit. de H. Étienne.

    Pour les autres Remarques générales, Voyez, à la fin du volume, la Note sur ce livre.

  2. Voy. Enn. V, liv., i, § 1.
  3. Voy. le Phèdre, passim, notamment p. 266 de l’édit. de H. Étienne.