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PRÉFACE

plus puissante dans la traduction de Marsile Ficin, qui est une œuvre excellente. Personne en effet ne pouvait être mieux préparé à comprendre Plotin que le savant Florentin qui avait été élevé dans le culte du Platonisme, et qui avait déjà donné une traduction de Platon à laquelle un intervalle de quatre siècles n’a rien fait perdre de sa valeur. Profondément versé dans la doctrine platonicienne, dont il avait pénétré tous les mystères et qu’il avait tenté lui-même de régénérer, il ne s’est pas astreint à traduire littéralement le mot par le mot : le plus souvent sa traduction est une intelligente paraphrase plutôt qu’un calque servile. En effet, dans les passages difficiles, il ajoute les mots qui sont nécessaires pour rendre intelligible la pensée de l’auteur et atténuer autant que possible les défauts d’un texte dont la concision est souvent énigmatique. Nous avons pris son admirable travail pour base du nôtre. Mais, par suite des défauts inhérents en général à la langue latine, et surtout du peu d’aptitude de cette langue à exprimer avec rigueur les idées philosophiques, la version de Ficin nous laissait encore une tache fort pénible à remplir : à des expressions vagues, à des phrases amphibologiques, il nous a fallu substituer des termes dont la précision satisfît aux exigences de la science moderne, et des tours conformes au génie d’une langue dont la première loi est la clarté.

Un savant anglais, l’infatigable Th. Taylor, qui avait déjà traduit dans leur intégrité les œuvres de Platon et celles d’Aristote, s’est aussi essayé sur Plotin ; mais ici son courage

    lui, « nihil fere discrepat a textus oxoniensis foeditate. » M. Fréd. Creuzer a repoussé vivement, soit dans les Actes des Savants de Munich (Gelehrte Anzeigen, 1848, no 22, 23, 25, p. 183, 204 et suiv.), soit dans les Prolegomena de l’édition de M. Didot. les attaques que M. Kirchhoff avait dirigées contre lui dès 1847. En outre, M. G.-H. Moser, qui était particulièrement atteint par les critiques relatives au dépouillement des manuscrits, a consacré à la réfutation de ces critiques presque tout le § 7 des mêmes Prolegomena.