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PRÉFACE

généraux, a essayé de lever les difficultés de détail et a fait de nombreux rapprochements propres à éclaircir les passages obscurs ou du moins à donner satisfaction à la curiosité des amis de l’érudition. Toutefois, ces notes, qui sont plutôt philologiques et critiques qu’exégétiques et philosophiques, laissaient encore au traducteur bien des problèmes à résoudre et bien des obstacles à vaincre. Un annotateur peut en effet choisir son terrain, insister sur les points qui l’intéressent, traiter au long les sujets sur lesquels les matériaux abondent, et passer légèrement sur les difficultés qu’il n’a pas les moyens de surmonter ; il peut même les omettre entièrement. Il n’en est pas ainsi du traducteur, qui se voit obligé de lutter corps à corps avec son auteur, d’aborder, sans pouvoir les éluder, les passages les plus difficiles, de proposer une interprétation et de la justifier.

Si nous avons insisté sur les difficultés de notre tâche et sur l’insuffisance des secours qui s’offraient à nous, ce n’est qu’afin d’expliquer et de faire excuser à l’avance les imperfections qu’on pourra rencontrer dans cette traduction et de mieux disposer le lecteur à l’accueillir avec toute l’indulgence dont elle a besoin. On ne s’étonnera pas si, traçant la route à travers des régions âpres et inexplorées, nous n’avons pas réussi du premier coup à en faire disparaître toutes les aspérités et à enlever toutes les pierres du chemin.


Il nous reste maintenant à rendre compte de notre propre travail. Et d’abord, parlons du système de traduction que nous avons dû adopter.

Il y a une différence capitale entre la traduction d’une œuvre littéraire et celle d’une œuvre philosophique, surtout d’une œuvre telle que les Ennéades. Dans une œuvre littéraire, on cherche avant tout à conserver l’élégance de l’expression, la grâce des figures, la vivacité des mouvements,