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Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/296

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LIVRE PREMIER.

le soleil soit autre chose que du feu. Il indique aussi que le feu n’a pas d’autre qualité que la lumière, qu’il regarde comme distincte de la flamme et comme possédant seulement une douce chaleur. Cette lumière est un corps. D’elle émane une autre essence que nous appelons également lumière par homonymie et que nous reconnaissons pour incorporelle. Cette seconde espèce de lumière provient de la première, en est comme la fleur et l’éclat, et constitue le corps essentiellement blanc [c’est-à-dire brillant][1]. Quant au mot terrestre [qui désigne l’élément allié au feu, comme nous l’avons dit plus haut], nous avons l’habitude de lui donner une acception défavorable, parce que Platon fait consister l’essence de la terre dans la solidité, tandis que nous appelons terre quelque chose d’un, quoique Platon distingue dans cet élément plusieurs qualités.

Le feu dont nous parlons émettant la lumière la plus pure et résidant, en vertu de sa nature, dans la région la plus élevée, il ne faut pas admettre que la flamme qui est ici-bas se mêle aux flammes célestes ; après s’être élevée jusqu’à une certaine hauteur, elle s’éteint en rencontrant une plus grande quantité d’air, et en s’avançant elle retombe avec la terre parce qu’elle ne saurait monter plus haut[2], qu’elle s’arrête dans les régions sublunaires en rendant plus léger l’air qui l’entoure ; si elle subsiste dans les régions élevées, elle y devient plus faible, plus douce, et possède un éclat qui n’a point de chaleur, mais qui est un reflet de la lumière céleste. Quant à la lumière céleste, elle est divisée, partie entre les étoiles dans lesquelles elle offre des différences de grandeur et de couleur, partie dans le

  1. Ennius donne le même sens au mot candens dans ce vers :

    Adspice hoc sublime candens, quem invocant omnes Jovem.

  2. Ficin pense que, dans ce membre de phrase, d’ailleurs fort obscur, il s’agit de la foudre, et, dans le membre suivant, des comètes. Voy. M. texte Martin, Études sur le Timée, t. II, p. 267.