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XXXI
PRÉFACE.

teurs les plus zélés de la religion s’accordaient pour voir dans les Platoniciens des auxiliaires utiles et presque des frères, bien plutôt que des adversaires. Saint Augustin ne trouve que peu de chose à changer dans leurs dogmes et dans leurs expressions pour en faire des Chrétiens[1]. Et, en effet, plusieurs des premiers Pères et des plus zélés Confesseurs de la foi, saint Justin, Athénagore, Clément d’Alexandrie étaient, on le sait, des Platoniciens convertis. Cette affinité était encore au xve siècle hors de toute contestation, si bien que le premier éditeur du texte grec de Plotin, Pierre Perna, la présente dans la Préface de son édition comme le principal motif qui doive lui concilier la faveur du public : en éditant Plotin, il croit servir les intérêts de la religion[2].

IV. Nous avons déjà dit quelle lumière les écrits de Plotin peuvent jeter sur l’étude des philosophes qui l’avaient précédé, notamment de Platon et d’Aristote[3] ; nous pouvons ajouter maintenant que, par suite de cette importance si grande que tous, chrétiens comme païens, accordaient à ses doctrines, la connaissance en est devenue plus nécessaire encore pour la parfaite intelligence des écrivains posté-

  1. « Si hanc vitam illi viri (Platon et les Platoniciens) nobiscum rursus agere potuissent, viderent profecto cujus auctoritate facilius consuleretur hominibus, et, paucis mutatis verbis et sententiis, Christiani fierent, sicut plerique recentiorum nostrorumque temporum Platonici fuerunt. » (De vera Religione, 12.) Dans ses Confessions, S. Augustin va plus loin encore et il nous apprend (VII, 9) que ce sont les ouvrages des Platoniciens qui lui ont fait comprendre et admettre la doctrine chrétienne du Verbe. Voy. ce passage cité ci-après, page 530, note.
  2. « Si, quod quidam inquit, Platonici, paucis immutatis, Christiani fieri possunt, Plotinus certe, qui multo accuratius et diligentius dogmata platonica et scrutatus est et interpretatus, primum inter hosce locum meruerit, quum non minus θείου appellatione dignus videatur quam Plato olim… Philosophiam ejus, a divino auctoritate alienam, theologiæ subancillari cogamus. »
  3. Voy. ci-dessus, p. VII, VIII et XXII.