I. L’être (τὸ ὄν) est-il une chose différente de l’essence (ἡ ὀυσία) ? Quand on dit l’être, fait-on abstraction du reste (τὸ ὄν ἀπηρημωμένον τῶν ἄλλων) ? L’essence est-elle au contraire l’être avec le reste (ἡ ὀυσία τὸ ὄν μετὰ τῶν ἄλλων), c’est-à-dire avec le mouvement et le repos, l’identité et la différence[2] ? Sont-ce là les éléments de l’essence ? Oui : l’essence est l’ensemble de ces choses, dont l’une est l’être, l’autre le mouvement, etc. Le mouvement est donc être par accident. Est-il aussi essence par accident ? ou bien est-il complément de l’essence ? Le mouvement est essence, parce que toutes les choses intelligibles sont des essences. Pourquoi toutes les choses sensibles ne sont-elles pas chacune une essence ? C’est que là-haut les choses n’en forment toutes qu’une seule (ἕν πάντα), et qu’ici-bas elles sont distinctes les unes des autres parce que ce sont des images séparées (διαληφέντων τῶν εἰδώλων)[3]. De même, dans une raison séminale (ἐν σπέρματι)[4], toutes choses sont ensemble, et chacune d’elles est toutes les autres : la main n’y est pas distincte de la tête ; dans un corps, au contraire, tous les