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DEUXIÈME ENNÉADE.

Comme ces substances sont des corps, il n’est pas facile de comprendre comment un élément peut pénétrer l’autre sans en séparer les molécules ; d’un autre côté, s’il y a division totale, les deux corps se détruiront mutuellement [parce que, par suite de cette division, leurs molécules perdront toute grandeur]. — Lorsque deux corps mêlés ensemble ne tiennent pas plus de place que chacun d’eux pris séparément, [les Stoïciens] semblent obligés d’accorder à leurs adversaires que la sortie de l’air est la cause de ce phénomène. — Dans le cas où le composé tient plus de place que chaque élément seul, on peut soutenir, quoique avec peu de vraisemblance, que, quand un corps en pénètre un autre, l’étendue doit augmenter avec les autres qualités, qu’elle ne saurait être anéantie pas plus que les autres qualités, et que, si deux qualités mêlées ensemble en produisent une autre, deux étendues mêlées ensemble doivent aussi en produire une troisième. Ici [les Péripatéticiens] peuvent répondre [aux Stoïciens] : « Si vous juxtaposez les substances ainsi que les masses qui possèdent l’étendue, vous adoptez notre opinion. Si l’une des deux masses, avec l’étendue qu’elle avait d’abord, pénètre l’autre masse tout entière, l’étendue, au lieu d’augmenter comme dans le cas où l’on place une ligne à côté d’une autre ligne en joignant leurs extrémités, ne s’accroîtra pas plus que quand on fait coïncider deux droites en les superposant. » — Reste le cas où l’on mêle une petite quantité à une grande, un gros corps à un très-petit : [les Péripatéticiens] croient impossible que le gros corps se répande dans toutes les parties du petit. Quand la mixtion n’est pas évidente, [les Péripatéticiens] peuvent prétendre que le plus petit corps ne s’unit pas avec toutes les parties du plus grand. Quand la mixtion est évidente, ils peuvent l’expliquer par l’extension (έϰτάσις) des masses, quoiqu’il soit peu probable qu’une petite masse prenne une telle extension, surtout quand on attribue au corps composé une étendue plus grande, sans admettre cependant