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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

ou un mouvement de telle partie du corps, de telle faculté du corps, causé par telle chose et ayant telle fin[1]. » (De l’Âme, I, 1 ; p. 102 de la trad. de M. Barthélemy-saint-Hilaire).

En écrivant les § 4 et 5 du livre i, p. 40-42, Plotin a certainement eu sous les yeux les passages suivants du traité De l’Âme :

« Soutenir que c’est l’âme qui s’indigne revient à peu près à dire que c’est l’âme qui tisse une toile, ou qui bâtit une maison. Il vaudrait peut-être mieux dire, non pas que c’est l’âme qui a pitié, qui apprend ou qui pense, mais plutôt que c’est l’homme qui fait tout cela par son âme[2]. Encore faudrait-il comprendre ceci, non point en ce sens que le mouvement serait dans l’âme seule, mais au contraire, qu’il viendrait quelquefois jusqu’à elle comme quelquefois il en partirait. Ainsi, la sensation lui vient du dehors[3] ; mais la mémoire vient de l’âme, qui se reporte aux mouvements ou aux impressions demeurées dans les organes des sens. » (De l’Âme, I, 4 ; p. 140 de la trad.)

« Ce sont les corps qui semblent être des substances, et particulièrement les corps naturels, qui sont en effet les principes des autres corps. Parmi les corps naturels, les uns ont la vie, les autres ne l’ont pas ; et nous entendons par la vie ces trois faits : se nourrir par soi-même, se développer et périr. Ainsi tout corps naturel doué de la vie est substance, mais substance composée[4], comme on vient de le dire. Puisque le corps est de telle façon particulière, et que, par exemple, il a la vie,... il remplit le rôle de sujet et de matière. Donc, nécessairement, l’âme ne peut être substance que comme forme d’un corps naturel qui a la vie en puissance[5]... Si donc on veut donner une définition commune à toute espèce d’âme, il faut dire qu’elle est l’entéléchie première d’un corps naturel organique... L’âme est l’essence que conçoit la raison. Mais l’essence pour un corps quelconque, c’est d’être ce qu’il est ; et, par exemple, si l’un des instruments dont nous nous servons pouvait être un corps naturel, et ainsi une hache, l’essence de la hache serait d’être hache et ce serait là son âme[6] ; car cette essence une fois enlevée, il n’y a plus de hache, si ce n’est par simple homonymie. Mais ici nous parlons de hache, et l’âme n’est pas l’essence et la notion d’un corps tel que la hache ; elle est la notion seulement d’un corps naturel, ayant en lui-même le principe du mouvement et du repos... De même que la faculté de couper est l’essence de la hache, et

  1. Voy. liv. i, § 5, p. 42.
  2. Ibidem, p. 42.
  3. Ibidem, p, 41.
  4. Plotin désigne souvent l’animal sous le nom de composé. Voy. p. 38, note 2.
  5. Voy. liv. i, § 4, p. 40.
  6. Voy. ibidem.