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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Dieu, qu’il est le meilleur possible (Enn. II, liv. iii, § 18, p. 192 ; liv. ix, § 8, 9, p. 279-285 ; § 17, p. 306), que le mal physique dérive de la constitution même de l’univers ou de l’action des créatures (comme nous l’expliquons dans la Note sur le livre iii de l’Ennéade II, p. 468).

Sa doctrine est conforme à cet égard à celle de saint Augustin[1] et de Leibnitz.

Nous reviendrons d’ailleurs sur cette question à l’occasion des livres Du Destin (Enn. III, i), De la Providence (Enn. III, ii et iii), et Du Démon qui nous est échu en partage (Enn. III, iv).

3. Mal moral.

Plotin, comme Platon, assigne deux causes au mal moral :

1° La volonté de l’homme (Enn. I, liv. viii, § 5, p. 125 ; Enn. II, liv. iii, § 6, 9, 13, 15, p. 173, 179, 183, 187 ; liv. ix, § 18, p. 310) ;

La descente de l’âme dans le corps (Enn. I, liv. i, § 12, p. 49 ; liv. ii, § 3, p. 55 ; liv. vi, § 5, p. 106 ; liv. viii, § 14, p. 138 ; Enn. II, liv. iii, § 8, 10, p. 178, 181, etc.), descente qui, dans son système, comme dans celui de Platon[2], joue le même rôle que le péché originel dans la religion chrétienne[3]. Voyez à ce sujet la traduction du livre viii de l’Ennéade IV : De la descente de l’âme dans le corps.

D’accord avec Plotin et les Platoniciens sur le premier point, saint Augustin a, sur le second, combattu leur doctrine dans plusieurs morceaux très-remarquables de la Cité de Dieu, que nous allons citer en entier[4] :

« Prétendre que la chair est cause de tous les vices et que l’âme ne fait le mal que parce qu’elle est sujette aux affections de la chair, ce n’est pas faire l’attention qu’il faut à toute la nature de

  1. Voy. les notes des p. 283, 306.
  2. Voy. plus haut, p. 380-381.
  3. Une des erreurs d’Origène est d’avoir confondu sur ce point la doctrine platonicienne avec le dogme chrétien.
  4. Saint Augustin ne nomme pas Plotin dans ces morceaux mêmes ; mais il le mentionne ailleurs à ce sujet : « Le philosophe Plotin, de récente mémoire, qui passe pour avoir mieux que personne entendu Platon, dit, au sujet de l’âme humaine : « Le Père, dans sa miséricorde, lui a fait des liens mortels (Enn. IV, liv. iii, § 12). » Il a donc cru que c’est une œuvre de la miséricorde divine d’avoir donné aux hommes un corps périssable, afin qu’ils ne soient pas enchaînés pour toujours aux misères de cette vie. » (Cité de Dieu, IX, 10 ; t. II, p. 152 de la trad. de M. Saisset.) Saint Augustin cite aussi Porphyre : « Votre maître Porphyre, dans ses livres que j’ai souvent cités : Du retour de l’âme, prescrit fortement à l’âme humaine de fuir toute espèce de corps pour être heureuse en Dieu. » (Ibid., X, 29 ; t. II, p. 246 de la trad.)