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Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/606

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DEUXIÈME ENNÉADE, LIVRE III.

L’Idée que le monde est un être animé se trouve dans Platon :

« Voilà comment a été produit ce monde qui comprend tous les animaux mortels et immortels, et qui en est rempli ; cet animal visible, dans lequel tous les animaux visibles sont renfermés ; ce Dieu sensible, image de l’intelligible. ce Dieu très-grand, très-bon, très-beau et très-parfait, ce ciel un et unique[1]. » (Timée, p. 92 ; p. 244 de la trad. de M. H. Martin.)

Dans un autre passage du même écrit, Platon exprime aussi cette idée que les astres indiquent les événements futurs :

« Les chœurs de danse de ces astres mêmes[2], leurs rapprochements, la marche et le retour de leurs cercles sur eux-mêmes et dans les conjonctions, les caractères auxquels on reconnaît ceux de ces Dieux qui se trouvent près les uns des autres et ceux qui se trouvent à l’opposite, la manière dont, en se poursuivant les uns peuvent passer derrière les autres et être ainsi, à certaines époques, cachés à nos yeux, puis reparaître, et comment de là résultent des motifs de crainte et des présages de l’avenir pour d’habiles calculateurs, voilà ce qu’on ne peut exposer, si les auditeurs n’ont sous les yeux quelque représentation du système céleste. » (Timée, p. 40 ; p. 109 de la trad.)

Ces idées de Platon ont été ensuite adoptées par les Stoïciens qui leur ont donné des développements importants dans leur système. Dans les notes des pages 173, 176, 183, nous avons indiqué les rapprochements qu’on peut faire à ce sujet entre la doctrine de ces philosophes et celle de Plotin.

Nous ferons remarquer en outre que la doctrine professée par Plotin était d’ailleurs très-répandue dans l’Orient. M. Franck, dans son ouvrage sur la Kabbale (p. 219, 231), nous la montre enseignée par les docteurs hébreux à peu près dans les mêmes termes que par Plotin. Voici comment il s’exprime à ce sujet :

« De la croyance que le monde inférieur est l’image du monde supérieur[3], les Kabbalistes ont tiré une conséquence qui les ramène entièrement au mysticisme : ils ont imaginé que tout ce qui frappe nos sens a une signification symbolique ; que les phénomènes et les formes les plus matérielles peuvent nous apprendre ce qui se passe ou dans la pensée divine ou dans l’intelligence humaine. Tout ce qui vient de l’esprit doit, selon eux, se manifester au dehors et devenir visible. De là la croyance à un alphabet céleste et à la physiognomonique :

  1. Enn. IV liv. iv, § 32.
  2. Voy. ibidem, § 33-35.
  3. Ce passage du Zohar est cité p. 193 de ce volume, note 2.