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Page:Plotin - Ennéades, t. I.djvu/633

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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

tre, de Zostrien, de Nicothée, d’Allogène, de Mésus, et de plusieurs autres. Ces Sectaires trompaient un grand nombre de personnes, et se trompaient eux mêmes en soutenant que Platon n’avait pas pénétré la profondeur de l’essence intelligible[1]. C’est pourquoi Plotin les réfuta longuement dans ses conférences, et il écrivit contre eux le livre que nous avons intitulé : Contre les Gnostiques. Il nous laissa le reste à examiner[2]. Amélius composa jusqu’à quarante livres pour réfuter l’ouvrage de Zostrien ; et moi, je fis voir par une foule de preuves que le livre de Zoroastre était apocryphe et composé depuis peu par ceux de cette secte qui voulaient faire croire que leurs dogmes avaient été enseignés par l’ancien Zoroastre. »

Trois indications données ici par Porphyre s’appliquent parfaitement aux Gnostiques, et aux Gnostiques seuls : 1° c’étaient des sectaires qui mélangeaient aux dogmes chrétiens les doctrines de Zoroastre[3] ; 2° ils possédaient des livres apocryphes propres à leur sectes[4] ; 3° ils s’écartaient de l’ancienne philosophie et prétendaient que Platon n’avait pas pénétré la profondeur de l’essence intelligible[5]. C’est probablement cette assertion qui fit prendre la plume à Plotin. Quoiqu’il modifiât lui-même profondément les dogmes de Platon en les commentant et en les développant d’après les idées de l’Orient, il était convaincu que les écrits du maître contenaient la vérité complète, et qu’il suffisait de les bien interpréter pour y trouver une réponse satisfaisante à toutes les questions possibles[6]. Les Chrétiens de cette époque, loin de dénigrer Platon, s’inspiraient souvent de ce philosophe dans leurs ouvrages et le regardaient même, soit comme initié aux livres de Moïse, soit comme un pré-


    pareilles fictions... » En outre, dans l’Ennéade V (liv. i, § 8), Plotin affirme qu’il se borne à expliquer les opinions des anciens, de Phérécide, Pythagore, Parménide, etc. Enfin Porphyre, dans la Vie de Pythagore, dit que la doctrine de ce philosophe fut la première philosophie, πρωτίστη φιλοσοφία.

  1. « Ils s’imaginent qu’eux seuls ont bien conçu la nature intelligible, que Platon et tant d’autres esprits divins n’y sont pas parvenus. » (Enn. II, liv. ix, § 6, p. 272.)
  2. Voy. p. 298, note 1.
  3. Ils s’inspiraient aussi de la Kabbale, comme nous l’expliquons plus loin.
  4. « Les disciples de Marcus ont une infinité d’écrits apocryphes qu’ils ont composés eux-mêmes pour se faire admirer des hommes qui manquent de jugement et qui ne savent pas reconnaître si un ouvrage est authentique ou non. » (S. Irénée, I, 20.)
  5. Saint Irénée dit aussi (I, 13) : « Les disciples de Marcus disent qu’ils l’emportent en science sur tous les mortels, qu’eux seuls ont pénétré la profondeur de la Science de la Puissance ineffable. » Voy. aussi Enn. II, liv. ix, § 8, p. 271-274.
  6. Voy. Enn. V, liv. i, § 8.