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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

sage d’Isidore que nous avons cité plus haut et des plaintes mêmes de Plotin[1] ;

Si quelques Gnostiques lurent le Timée même de Platon[2], ce fut sans doute moins pour faire des emprunts à cet ouvrage que pour l’interpréter dans le sens de leurs propres idées. C’est ainsi qu’Héracléon, composa un Commentaire sur l’Évangile de saint Jean pour tâcher de démontrer aux catholiques que la doctrine gnostique y était enseignée mystérieusement[3] ;

L’accusation de plagiat, que Plotln formule contre ses adversaires, paraît prouver seulement qu’il reconnaissait de nombreuses analogies entre sa propre doctrine et la leur et qu’il ne trouvait pas d’autre moyen de s’expliquer à lui-même ces analogies[4].

§ V. CONCLUSION.

Après avoir examiné successivement les principes du système de Plotin et ceux de la doctrine des Gnostiques, en nous bornant aux questions traitées dans le livre ix, il nous reste à indiquer, dans une énumération rapide, les résultats auxquels nous a conduits cette étude.

1° Il y a des analogies incontestables entre le Gnosticisme et le Néoplatonisme : la prétention de posséder une antique et mystérieuse tradition, l’habitude des interprétations allégoriques[5], le

    Grecs, Platon avait aussi voyagé en Égypte. C’était sans doute pour suivre cet exemple que Plotin lui-même voulut aller en Perse à la suite de Gordien.

  1. Voy. Enn. II, liv. ix, § 6, p. 271-275.
  2. Selon M. Malter, t. II, p. 183, Carpocrate et son fils lisaient les écrits mêmes de Platon.
  3. Voy. S. Irénée, I, 8.
  4. Ces analogies s’expliquent facilement par les emprunts que l’École d’Alexandrie a faits aux idées de Philon, comme nous l’avons dit précédemment (p. 496). Au reste, l’hypothèse de Plotin est un peu plus raisonnable que celle de certains Kabbalistes modernes qui, pour expliquer les ressemblances de leur doctrine avec celle de Platon, n’ont rien imaginé de mieux que de faire du philosophe athénien un disciple de Jérémie. Voy. M. Franck, La Kabbale, p. 262.
  5. On trouve un exemple curieux de cette habitude des interprétations allégoriques dans le petit traité de Porphyre De l’Antre des Nymphes. Après avoir dit que l’Antre des Nymphes est le symbole de l’essence unie à la matière, et que les Naïades représentent les âmes qui descendent dans la génération, Porphyre ajoute : « C’est pour cette raison que, selon Numénius, les anciens pensaient que les Naïades présidaient à l’eau comme à une chose pénétrée du souffle de Dieu, et que le Prophète [Moïse] a dit : L’esprit de Dieu était porté sur les eaux. »