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LIVRE HUITIÈME.


qui, par conséquent, se livrent à la contemplation. En voici assez sur ce sujet.

VII. Puisque la contemplation s’élève par degrés, de la Nature à l’Âme, de l’Âme à l’Intelligence, que la pensée y devient de plus en plus intime, de plus en plus unie à celui qui pense, que dans l’âme parfaite les choses connues sont identiques au sujet qui connaît, parce qu’elles aspirent à l’Intelligence, évidemment dans l’Intelligence le sujet doit être identique à l’objet, non parce qu’il se l’est approprié, comme le fait l’âme parfaite, mais parce qu’il a la même essence, qu’être et penser y sont une seule et même chose. Dans l’Intelligence il n’y a plus d’un côté l’objet, d’un autre le sujet ; sinon, il faudrait un autre principe où n’existerait plus cette différence. Il faut donc qu’en elle ces deux choses, le sujet et l’objet, n’en fassent réellement qu’une seule[1] ; c’est là une contemplation vivante, et non

  1. Nous avons déjà, dans le tome I, p. 260, cité un passage où M. Ravaisson montre que Plotin a emprunté à Aristote sa doctrine sur l’identité de l’intelligence et de l’intelligible. M. Steinhart a signalé le même fait dans ses Meletemata plotiniana, p. 33 : « Optime Plotinus interpretatur Aristotelem disserentem de pura mente sui conscia et se solum cogitante : huc enim omnia in Aristotelis doctrina tendunt, hæc est summa ejus perfectio, hoc ultimum principium, unde relique ejus placita et illustrari poterant et judicari… Sic theologiæ, quam summam duxit esse philosophiam, fundamenta jecit firmissima, quibus usus est Plotinus, ut suum doctrinæ de rebus divinis ædificium exstrueret, quo nullum præstantius, nullum firmius meliusque ab omni parte munitum antiquitas protulit : nam Aristoteles sublimem illam regionem, ad quam et cogitantibus nobis et agentibus semper enitendum est, prospexerat tantum et consalutaverat, non perlustraverat thesaurosque ex ea occultos reportaverat ; contigit vero Plotino ut vium arduam, quæ in illam ducit, ab Aristotele præscriptam, a posteris prorsus relictam, denuo inveniret, et, dum pura mente puram mentem cogitat, divinam Mentem ejusque cum hominibus et natura nexum purius omnibus philosophis antiquis, Evangelii luce nondum illustratis, cognesceret. Nam in tota Aristotelis philoso-