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Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/317

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LIVRE TROISIÈME.


visé (sur lequel on prend une partie) ne sont même pas semblables entre elles, mais varient de mille manières, comme les divers triangles dont se composerait un seul triangle. Ceux que nous combattons admettent encore que l’Âme universelle est composée de parties conformes au tout. Or, dans une ligne, une partie peut bien aussi être une ligne, et alors elle diffère du tout en grandeur. Mais quand il s’agit de l’âme, si la différence de la partie au tout consistait dans une différence de grandeur, l’Âme serait une grandeur et un corps : car ce serait alors en tant qu’Âme qu’elle se différencierait par sa quantité ; mais comment cela se pourrait-il puisqu’on suppose toutes les âmes semblables et universelles[1] ? Il est évident que l’Âme ne peut davantage se diviser comme les grandeurs, et nos adversaires eux-mêmes n’admettraient pas que l’Âme universelle se divise ainsi en parties : car ce serait détruire l’Âme universelle et la réduire à n’être plus qu’un vain nom (si l’on peut dire toutefois que, dans ce système, il y avait auparavant une Âme universelle[2] ; ce serait faire d’elle un tout semblable à du vin qu’on distribue dans plusieurs amphores, en disant que la partie de vin contenue dans chacune d’elles est une portion du tout[3].

Le mot parties doit-il donc être entendu [relativement à l’Âme] dans le sens où l’on dit qu’une proposition est une partie de la science totale ? Dans ce cas, la science totale n’en reste pas moins la même [quand elle est divisée], et sa division n’est que la production et l’acte (οἷον προφπρᾶς ϰαὶ ἐνεργείας ἑϰάστου οὔσης) de chacune des choses qu’elle comprend : ici, chaque proposition contient en puissance la science totale, et la science totale [malgré sa division]

  1. Les âmes particulières sont universelles en ce sens qu’elles possèdent toutes les puissances de l’Âme universelle. Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § XXXIX ; t. I, p. LXXXI.
  2. Nous lisons avec MM. Creuzer et Kirchhoff : εἰ ἀρχή[ν] τίς ποτε ἦν πᾶσα.
  3. Cette comparaison était employée par les Manichéens. Voy. ci-après, p. 268, note 1.