Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
352
QUATRIÈME ENNÉADE.


les parties n’existent pas toutes à la fois parce qu’elles n’y existent pas toutes ensemble, quoiqu’elles existent toutes ensemble dans les raisons : les pieds par exemple, ou les mains existent ensemble dans la raison séminale, mais ce sont des parties séparées les unes des autres dans les corps ; cependant ces parties sont également séparées, mais d’une manière différente, dans la raison séminale, de même qu’elles y sont également antérieures les unes aux autres d’une manière différente[1]. Si elles sont ainsi séparées dans la raison séminale, c’est qu’elles diffèrent par leur nature.

Mais comment sont-elles antérieures les unes aux autres ? — C’est [dira-t-on] que celui qui ordonne est aussi celui qui commande ; or, en commandant, il énonce telle chose après telle autre : car pourquoi toutes choses ne sont-elles

    à la fois dans l’Âme sont les idées qu’elle reçoit de l’Intelligence divine (t. I, p. 193). Cette théorie est formulée très-nettement dans le passage suivant de saint Augustin : « Ideas latine possumus vel formas vel species dicere, ut verbum e verbo transferre videamur. Si autem rationes eas vocemus, ab interpretandi quidem proprietate discedimus (rationes enim græce λόγοι appellantur, non ideœ) ; sed tamen quisquis hoc vocabulo uti voluerit a re ipsa non aberrabit. Sunt namque ideœ principales formœ quædam, vel rationes rerum stabiles atque incommutabiles, quæ ipsæ formatæ non sunt, ac per hoc æternæ ac semper eodem modo sese habentes in divina Intelligentia continentur. Et quum ipsæ neque oriantur, neque intereant, secundum eas tamen formari dicitur omne quod oriri et interire potest et omne quod oritur et interit. Anima vero negatur eas intueri posse nisi rationalis, ea sui parte qua excellit ; id est ipsa mente atque ratione, quasi quadam facie vel oculo suo interiore atque intelligibili. » (De diversis quœstionibus, § 46.)

  1. Les divers sens du mot antérieur sont expliqués par saint Augustin dans ses Confessions (XII, 29) : « Quum vero dicit primo informem [materiam], deinde formatam, non est absurdus, si modo est idoneus dicere quid prœcedat œternitate, quid tempore, quid electione, quid origine : æternitate, sicut Deus omnia ; tempore, sicut flos fructum ; electione, sicut fructus florem ; origine, sicut sonus cantum, etc. »