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LIVRE QUATRIÈME.


variété de puissances, surtout dans les astres qui parcourent le ciel. L’univers n’est pas un édifice grand et vaste, mais inanimé et composé de choses dont il soit facile de compter les espèces, de pierres, par exemple, de morceaux de bois et d’autres matériaux destinés à l’embellir ; il est un être éveillé et vivant dans toutes ses parties, quoiqu’il le soit dans chacune d’une manière différente ; en un mot, il renferme tout ce qui peut être. Ainsi est résolue cette question : comment dans un être vivant et animé peut-il y avoir quelque chose d’inanimé ? En effet, notre discussion nous amène à cette conclusion que dans l’univers [il n’y a rien d’inanimé ; qu’au contraire] toutes les choses qu’il renferme sont vivantes, mais chacune d’une manière différente. Nous refusons la vie aux objets que nous ne voyons pas s’y mouvoir ; ils vivent cependant, mais d’une vie latente. Ceux dont la vie est visible sont composés de ceux dont la vie est invisible, mais qui concourent cependant à la vie de cet animal en lui fournissant des puissances admirables. L’homme ne saurait se mouvoir vers tant de grandes choses, s’il n’y avait en lui que des puissances inanimées. Il serait donc également impossible que l’univers fût vivant si chacune des choses qu’il contient ne vivait de sa vie propre. Cependant les actes de l’univers ne dérivent pas d’un choix : il agit sans avoir besoin de choisir, parce qu’il est antérieur à tout choix. Aussi beaucoup de choses obéissent-elles à ses forces[1].

XXXVII. L’univers renferme donc dans son sein tout ce qu’il doit posséder. Que l’on considère le feu, par exemple, et toutes les autres choses que l’on regarde comme capables d’agir : si l’on cherche en quoi consiste leur action, on ne pourra le déterminer avec certitude qu’à la condition de

  1. Nous lisons avec M. Creuzer, qui s’appuie sur l’autorité d’un manuscrit : αὐτοῦ δυνάμεσιν. Ficin lit au contraire αὐτῶν δυνάμεσιν, et traduit : « itaque sæpe vires partium [mundus] sequitur. »