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LIVRE NEUVIÈME.


de l’Âme ne s’exercent-elles pas partout ? C’est que, si l’on considère l’Âme qui est une partout, on trouve que la sensation n’est pas semblable dans toutes les parties, [c’est-à-dire dans toutes les âmes particulières], que la raison n’est pas dans le Tout [mais dans certaines âmes seulement], que la puissance végétative est donnée aux êtres qui ne possèdent pas la sensation, et que toutes ces puissances reviennent l’unité en se séparant du corps[1]. — Mais, si le corps tient sa puissance végétative du Tout et de cette Âme qui est une, pourquoi ne la tient-il pas aussi de notre âme ? C’est que ce qui est nourri par cette puissance forme une partie de l’univers, qui n’est sensible qu’à la condition de pâtir. Quant à la puissance sensitive qui s’élève jusqu’au jugement, et qui est unie à chaque intelligence, elle n’avait pas besoin de former ce qui était déjà formé par le Tout ;

  1. « Si l’âme est divisée en elle-même [par l’existence des âmes particulières], sa diversité ne détruit pas son identité. Si l’unité des corps, où la diversité l’emporte sur l’identité, n’est pas morcelée par leur union avec un principe incorporel ; si tous, au contraire, possédant l’unité de substance et ne sont divisés que par les qualités et les autres formes ; que dire et que penser de l’Espèce de la vie incorporelle, où l’identité l’emporte sur la diversité, où il n’y a pas un sujet étranger à la forme et d’où les corps reçoivent l’unité ? L’unité de l’Âme ne saurait être morcelée par son union avec un corps, quoique le corps entrave souvent ses opérations. Étant identique, l’Âme fait et découvre tout par elle-même, parce que ses actes sont des espèces, quelque loin que l’on pousse la division. Quand l’Âme est séparée des corps, chacune de ses parties possède tous les pouvoirs que possède l’Âme elle-même, comme une semence particulière a les mêmes propriétés que la semence universelle. De même qu’une semence particulière, étant unie à la matière, conserve les propriétés de la semence universelle, et que, d’un autre côté, la semence universelle possède toutes les propriétés des semences particulières dispersées dans la matière ; ainsi, les parties que l’on conçoit dans l’Âme séparée de la matière possèdent toutes les puissances de l’Âme totale. » (Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, XXXIX ; t. I, p. LXXX.) Voy. aussi Damascius, Des principes, p. 313.