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QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRES III, IV, V.


dire des faits qui sont accompagnés de peine ou de plaisir ; mais elle est impassible en ce sens qu’elle ne subit pas d’altération comme le corps, que les passions qu’on lui rapporte sont des passions sans passivité, c’est-à-dire des modifications auxquelles on ne donne le nom de passions que par métaphore (t. II, p. 126, 133).

Rendre l’âme impassible, la purifier, la séparer du corps, c’est l’empêcher de se représenter les images des choses sensibles et de produire dans le corps les mouvements qui accompagnent ces images, parce qu’il en résulte des plaisirs ou des douleurs qui troublent l’âme (t. II, p. 135-138).

Unité de l’âme. — L’âme est une, quoique l’on distingue en elle plusieurs parties, parce que ces parties sont des formes, des raisons : l’âme est une forme, une raison, qui contient des formes et des raisons (t. I, p. 365 ; t. II, p. 270, 379, 443-444).

D’ailleurs, l’âme irraisonnable, l’âme raisonnable et l’intelligence sont unies ensemble sous ce rapport qu’elles procèdent l’une de l’autre : l’âme irraisonnable est l’acte de l’âme raisonnable, et l’âme raisonnable est l’acte de l’intelligence (t. I, p. 364-366 ; t. II, p. 379). Chaque partie de l’âme reçoit ainsi sa forme de la partie qui est immédiatement au-dessus d’elle (t. II, p. 244).

Il en résulte qu’à la mort l’âme irraisonnable se sépare du corps avec l’âme raisonnable, mais elle ne subsiste plus qu’en puissance dans le principe dont elle était l’acte (t. II, p. 379, 423).

3. Facultés de l’âme.

Les facultés (δυνάμεις) sont les puissances qui diffèrent entre elles par leurs opérations[1].

Vie végétative. — Les facultés qui se rapportent à la vie végétative sont la Puissance nutritive et générative (appelée aussi Nature et Raison séminale), la Puissance passive, l’Appétit concupiscible et l’Appétit irascible. Ces facultés sont communes à l’âme et au corps, c’est-à-dire, elles sont par elles-mêmes des formes immatérielles, indivisibles et impassibles, mais elles ne peuvent s’exercer que dans l’animal (le composé du corps et de l’âme irraisonnable), où elles sont engagées dans la matière et ont pour siéges des organes qui sont divisés et qui pâtissent (t. II, p. 134-135).

1o Puissance nutritive et générative. — La Puissance nutritive ou végétative exerce son action dans tout le corps qu’elle administre

  1. Voy. Porphyre, Des Facultés de l’âme, dans le tome I, p. XCI.