Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/621

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
571
QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRES III, IV, V.


Vie sensitive. — Les facultés qui se rapportent à la vie sensitive sont la Puissance sensitive, l’Imagination sensible et la Mémoire sensible. L’âme possède ces facultés par elle-même ; mais, d’un côté, la puissance sensitive ne peut s’exercer sans le concours des organes ; d’un autre côté, l’imagination sensible et la mémoire sensible, qui n’ont pas besoin du concours des organes, sont cependant liées à la sensation. Il en résulte que ces facultés sont irrationnelles (t. I, p. 338 ; t. II, p. 319).

1o Puissance sensitive ou Sensibilité interne. — Sentir, c’est percevoir les qualités des objets extérieurs et se représenter leurs formes sensibles.

La Sensation suppose trois choses : l’objet extérieur, l’organe qui pâtit et reçoit la forme sensible, l’âme qui connaît la passion et perçoit la forme sensible reçue par l’organe. De cette manière, l’organe joue le rôle d’intermédiaire entre l’objet extérieur et l’âme ; d’un côté, il pâtit comme l’objet extérieur, il éprouve la même passion ; d’un autre côté, cette passion est une forme qui a déjà quelque chose de la nature intelligible. Quant à la sensation qui est propre à l’âme, c’est une connaissance, un jugement ; par conséquent, ce n’est ni une empreinte, ni une passion, mais un acte : car, pour sentir, il faut que l’âme applique son attention aux objets extérieurs (t. I, p. 332-333 ; t. II, p. 123, 129, 316, 364-367, 369, 425-428).

C’est par le corps et pour le corps que l’âme sent, soit que toute passion doive, quand elle est vive, arriver jusqu’à l’âme, soit que les sens aient été faits afin que nous prenions garde à ce qu’aucun objet ne nuise à notre corps, soit qu’ils nous aient encore été donnés pour acquérir des connaissances (t. II, p. 367).

Chaque sens a un organe spécial, sauf le toucher qui est répandu dans tout le corps (t. II, p. 308). Pour le toucher, il faut qu’il y ait contact entre l’organe et l’objet, mais cela n’est point nécessaire pour la vue ni pour l’ouïe. La vue, au moyen de la lumière émanée de l’œil, atteint l’objet dans l’endroit où il est placé, comme si la perception s’opérait dans cet endroit même ; l’air est inutile pour l’acte de la vision et la production de la lumière (t. I, p. 250-253 ; t. II, p. 409-417, 419-427). L’ouïe perçoit la vibration du corps sonore ; et, les corps solides étant sonores aussi bien que l’air, l’air peut servir à la production et à la transmission du son, mais il n’est pas toujours nécessaire, puisque les corps solides remplissent encore mieux ce rôle (t. I, p. 251 ; t. II, p. 417-419, 427 428).

Comme les premiers nerfs, qui servent d’instruments au tact et qui possèdent aussi le pouvoir de mouvoir l’animal, ont leur origine