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AVERTISSEMENT.


sens de plusieurs passages qui ont de l’importance pour l’histoire de la philosophie, mais dont on n’avait donné jusqu’ici qu’une interprétation arbitraire[1].

Quant aux sources auxquelles Jamblique a puisé, nous pouvons indiquer l’Alcibiade, le Philèbe et le Timée de Platon, le Traité de l’Âme d’Aristote (ouvrages sur lesquels Jamblique avait composé des Commentaires), les Ennéades de Plotin, le Traité des Facultés de l’âme de Porphyre (écrit auquel notre auteur nous paraît avoir beaucoup emprunté dans les paragraphes v-ix, qui traitent des facultés et des opérations de l’âme).

Commentaire du Traité d’Aristote sur l’Âme. — Dans le Traité de l’Âme, p. 631, après avoir exposé sa propre doctrine sur la nature de l’âme, Jamblique s’exprime en ces termes : « Pythagore, Platon, Aristote, tous les anciens qui se sont acquis du renom par leur sagesse sont réellement pour cette doctrine, si l’on approfondit leurs opinions d’une manière scientifique. Pour nous, nous essaierons de composer sur ces opinions un Traité qui fasse connaître la vérité. »

En cherchant à déterminer à quel écrit Jamblique faisait allusion dans ce passage, nous avons été conduit à reconnaître qu’il s’agissait de son Commentaire du Traité d’Aristote sur l’Âme, que Simplicius a pris pour base de son propre travail, comme il l’annonce lui-même dans sa préface : « Quoique Platon nous ait laissé sur l’âme plusieurs théories véritablement divines, théories d’ailleurs suffisamment éclaircies et expliquées par ses interprètes, c’est Aristote cependant qui a le premier traité de l’âme d’une manière complète, comme le pense Jamblique, cet esprit si judicieux ; mais il y a de grandes divergences entre les Commentateurs d’Aristote, divergences qui ne portent pas seulement sur le sens de ses paroles, mais qui vont au fond même de sa pensée… Je m’efforcerai d’éclaircir tous les points obscurs à l’aide des principes les plus certains et des passages les plus précis d’Aristote, m’attachant partout à la vérité autant que je le pourrai, et suivant l’interprétation exposée par Jamblique même dans son Commentaire sur le Traité de l’Âme[2].

Guidé par cette indication de Simplicius, nous avons recueilli dans son ouvrage, ainsi que dans les Commentaires de Priscien et de Jean Philopon, un certain nombre de Fragments de Jamblique qui n’ont point été cités par les historiens de la philosophie et qui nous paraissent offrir un grand intérêt, parce qu’ils éclaircissent plusieurs points qui étaient demeurés obscurs jusqu’ici. On peut en effet en tirer les conséquences suivantes :

    Scholies qu’Heeren a données comme une découverte à la suite des Eclogœ de Stobée sont extraites textuellement de ce traité de Michel Psellus, lequel n’est lui-même qu’une compilation de Platon, d’Aristote, de Plotin, de Porphyre, de Jamblique et de Proclus.

  1. Ritter, par exemple, dans son Histoire de la Philosophie, interprète d’une manière arbitraire les deux phrases dans lesquelles Jamblique cite Héraclite. On ne peut en trouver le vrai sens qu’en se reportant, comme nous l’avons fait, aux passages de Plotin d’où elles sont tirées, et à ceux d’Énée de Gaza qui en forment le commentaire.
  2. Simplicius a résumé la doctrine de Jamblique sur ce point dans un morceau dont nous donnons ci-après la traduction, p. 631, note 6.