Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
CINQUIÈME ENNÉADE.


chaque chose y est tout, et tout y est chaque chose ; il y brille une splendeur infinie. Chaque chose y est grande, parce que le petit même y est grand. Ce monde a son soleil et ses étoiles ; chaque étoile y est le soleil et toutes les étoiles ; chacune d’elles, en même temps qu’elle brille d’un éclat qui lui est propre, réfléchit la lumière des autres. Là règne un mouvement pur : car celui qui produit le mouvement, ne lui étant pas étranger, ne le trouble pas quand il se produit. Le repos y est parfait, parce que nul principe d’agitation ne s’y mêle. Le beau y est complètement beau, parce qu’il ne réside pas dans ce qui n’est pas beau [dans la matière] ; chacune des choses qui sont dans le ciel, au lieu de reposer sur une base étrangère, a son siége, son origine et son principe dans son essence même, et ne diffère pas de la région qu’elle habite, parce qu’elle a pour substance l’Intelligence et qu’elle est elle-même intelligible.

Pour le concevoir, qu’on s’imagine que ce ciel visible est une pure lumière qui engendre tous les astres. Ici-bas, sans doute, une partie ne saurait naître d’une autre ; chaque partie a son existence individuelle. Dans le monde intelligible, au contraire, chaque partie naît du tout, est à la fois le tout et chaque partie : où apparaît la partie, le tout se révèle. Le Lyncée de la fable, dont le regard perçait les entrailles mêmes de la terre, n’est que le symbole de la vie céleste. Là, l’œil contemple sans fatigue, et le désir de contempler est insatiable, parce qu’il ne suppose pas un vide à remplir, un besoin dont la satisfaction amène le dégoût. Dans le monde intelligible, les êtres ne diffèrent pas entre eux de telle sorte que ce qui

    chaque autre corps et en est affecté par réaction, il s’en suit que chaque monade est un miroir vivant, représentatif de l’Univers suivant son point de vue. » (Principes de la Nature et de la Grâce, § 3.)