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AVERTISSEMENT.


notre faible part le mouvement qui a été imprimé par un puissant esprit à l’étude de l’histoire de la philosophie. En faisant connaître Plotin tel qu’il est, nous aurons donné à chacun le moyen de se former une idée exacte de la valeur de ce philosophe, et nous aurons fourni une base solide aux appréciations qui pourront désormais être faites de son système, ainsi qu’aux comparaisons qu’il y aurait lieu d’établir entre ce système et ceux qui l’ont précédé ou suivi. Enfin, sans nous aveugler sur les défauts d’une philosophie qui trop souvent met l’imagination ou l’inspiration à la place de la raison et qui pèche par la base en attribuant le plus haut degré de réalité à ce qui n’est que le plus haut degré de l’abstraction, nous pensons que, dans ces temps où domine le culte des intérêts matériels, c’est un service à rendre à la morale que de recommander l’étude de cette doctrine toute spiritualiste qui, noble émule du christianisme, ne tend qu’à purifier l’âme et qu’à la détacher du corps pour l’élever à Dieu. Il ne peut assurément y avoir qu’à gagner dans le commerce du philosophe que saint Augustin appelait avec son siècle le grand Plotin, en qui il croyait voir revivre Platon lui-même, et dont la doctrine ne peut être mieux caractérisée que par ces propres paroles qui terminent les Ennéades : « Détachement de toutes les choses d’ici-bas, dédain des voluptés terrestres, fuite de l’âme vers Dieu, qu’elle voit seule à seul. »


Nous ne terminerons pas cette publication sans payer un juste tribut de reconnaissance à ceux qui nous y ont aidé, directement ou indirectement.

À leur tête doit être placé M. V. Cousin qui, après avoir par ses leçons, par ses écrits et par ses actes, donné une si vive impulsion à l’étude de l’histoire de la philosophie en France, a rendu lui-même un éminent service à tous ceux qui cultivent la science, et à nous en particulier, par ses beaux travaux sur la philosophie grecque, par sa traduction complète de Platon, par son édition de plusieurs écrits inédits de Proclus et par ses recherches sur Olympiodore, ouvrages sans lesquels il nous eût été bien difficile de faire les rapprochements et les citations qui formaient une des parties essentielles de notre tâche. Ajoutons que l’illustre académicien, que nous nous glorifions d’avoir eu pour maître, a bien voulu nous donner ses conseils comme autrefois, nous ouvrir sa riche bibliothèque et encourager par tous les moyens en son pouvoir un travail dont personne ne pouvait mieux que lui apprécier l’utilité et les difficultés. Nous devons beaucoup aussi à M. Barthélémy Saint-Hilaire, qui a fait passer dans notre langue ceux des écrits d’Aristote qui importent le plus à la philosophie ;