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SIXIÈME ENNÉADE.


au genre des relatifs, parce que l’acte existe par une puissance d’une chose active, et le mouvement par une puissance d’un moteur en tant que moteur. Nous répondrons que les relatifs sont engendrés par l’habitude [la manière d’être] même des choses, et non pas seulement par le rapport que l’esprit établit entre elles[1]. Comme l’habitude est un mode d’existence, bien qu’elle soit la chose d’une autre chose ou qu’elle se rapporte à une autre chose [comme s’exprime Aristote[2]], elle possède cependant sa nature avant d’être une relation. Or, cet acte, ce mouvement, cette habitude, qui est la chose d’une autre chose, possède néanmoins la propriété d’exister et d’être conçu par soi avant d’être une relation ; sinon, toutes choses seraient des relatifs : car il n’est aucune chose qui n’ait quelque rapport à une autre, et l’âme même est dans ce cas. Ensuite, pourquoi l’action (πσίησις (poiêsis)) et agir (ηοιεῖν (poiein)) ne seraient-ils pas des relatifs ? car ils sont nécessairement un mouvement ou un acte. Si les Péripatéticiens placent l’action au nombre des relatifs et font d’agir un genre, pourquoi alors ne placent-ils pas aussi le mouvement au nombre des relatifs et ne font-ils pas de mouvoir un genre ? Ils peuvent bien diviser mouvoir comme un genre en deux espèces, agir et pâtir ; mais ils n’ont pas le droit de faire deux genres distincts d’agir et de pâtir, comme ils le font actuellement.

XVIII. Il faut examiner en outre si les Péripatéticiens ont raison de dire que dans l’agir il y a à la fois des actes et des mouvements, que les actes se produisent instantanément, et les mouvements successivement : diviser, par exemple, implique le temps. Ou bien diront-ils que tous les actes sont des mouvements ou du moins sont accompagnés de mouvement ? Rapporteront-ils toutes les

  1. Ce principe est cité avec éloge par Simplicius, Commentaire des Catégories, fol. 79, a.
  2. Voy. ci-dessus p. 160, note 2.