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SIXIÈME ENNÉADE.


qu’elle appartient à une autre chose (aux pieds), et qu’elle dépend d’une autre chose (de la puissance motrice), possède cependant par elle-même la propriété d’être mouvement. S’il en est ainsi, on doit reconnaître que l’intellection, outre qu’elle est une relation, est aussi par elle-même un mouvement ou un acte[1].

XIX. Examinons maintenant si certains actes paraissent être imparfaits quand ils ne sont pas joints au temps, en sorte qu’ils s’identifient avec les mouvements, comme vie s’identifie avec vivre ? Car [selon les Péripatéticiens] la vie de chaque être s’accomplit dans un temps parfait, et le bonheur est un acte, non un acte indivisible, mais une espèce de mouvement[2]. Il en résulte qu’il faut appeler la vie et le bonheur des mouvements, faire du mouvement un genre, reconnaître que le mouvement forme un genre bien distinct de la quantité et de la qualité, et se rapporte comme elles à la substance. Ce genre peut se diviser en deux espèces, mouvements du corps et mouvements de l’âme, ou mouvements spontanés et mouvements communiqués, ou bien encore mouvements qui procèdent des êtres mêmes et mouvements qui procèdent d’autrui[3] : dans ce cas, les mouvements qui procèdent des êtres mêmes sont des actions, soit qu’ils se communiquent, soit qu’ils restent absolus [en ne se communiquant pas, comme parler et marcher] ; et les mouvements qui procèdent d’autrui sont des passions, quoique les mouvements communiqués paraissent être identiques aux mouvements qui procèdent d’autrui. La division, par exemple, est une seule et même chose, qu’on la considère dans celui qui divise ou dans ce qui est divisé ; cependant diviser est autre chose qu’être

  1. Voy. Simplicius, ibid., vol. 81, b.
  2. Voy. Enn. I, liv. V, et les Éclaircissements, t. I, p. 419.
  3. Cette théorie de Plotin est développée ci-après, livre III, § 23. Elle est citée et discutée par Simplicius dans son Commentaire des Catégories, fol. 81, g.