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LIVRE TROISIÈME.

ment à ce genre (sans quoi il y aurait ici deux catégories) ; il suffit à leur égard de ramener à la qualité ce qui fait dire d’eux qu’ils sont tels ou tels.

Le non-blanc, s’il indique une couleur autre que le blanc, est une qualité ; s’il n’exprime qu’une négation ou une énumération, ce n’est qu’un mot, un nom, un terme qui rappelle l’objet : si c’est un mot, il constitue un mouvement [en tant qu’il est produit par l’organe vocal] ; si c’est un nom ou un terme, il constitue un relatif en tant qu’il est significatif. Si les choses ne sont pas seules classées par genres, si l’on admet que les assertions et les expressions énoncent aussi chacune un genre, nous dirons que les unes affirment les choses en les énonçant seulement, et que les autres les nient. Il vaut peut-être mieux ne pas comprendre les négations dans le même genre que les choses elles-mêmes, puisque souvent nous n’y comprenons pas les affirmations, pour éviter de mélanger plusieurs genres.

Passons aux privations. Si les choses dont il y a privation sont des qualités, les privations sont alors elles-mêmes des qualités, comme édenté, aveugle[1]. Mais nu et [son contraire] vêtu ne sont ni l’un ni l’autre des qualités ; ils constituent plutôt des habitudes et rentrent dans les relatifs.

    nière. La plupart, et l’on peut dire presque tous, sont nommés par dérivation : ainsi blanc vient de blancheur, juste de justice ; et de même pour tous les autres, etc. » (Aristote, Catégories, II, ch. viii ; trad. de M. Barthélemy Saint-Hilaire, p. 101.)

  1. « Quand nous disons, pour une chose susceptible de possession, qu’elle est affectée de privation, c’est qu’elle ne se trouve ni dans la chose ni dans le temps où elle doit naturellement se trouver. On dit d’un être qu’il est édenté, non point par cela seul qu’il n’a pas de dents, ou qu’il est aveugle, non pas par cela seul qu’il n’a pas la vue, mais parce qu’il n’a ni dents ni vue quand par sa nature il devrait avoir l’un et l’autre. Certains êtres, en effet, sont, au moment de leur naissance, privés de dents et de vue, et on ne les appelle pas pour cela édentés ou aveugles. » (Aristote, Catégories, III, ch. x ; trad. fr., p. 113.)