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LIVRE TROISIÈME.

combinaison, fusion et union (j’entends l’union qui consiste pour deux choses à s’unir et non à être déjà unies), on peut ramener la composition et la décomposition à quelqu’un des mouvements que nous avons précédemment reconnus. En effet, il y a d’abord ici le mouvement de déplacement, puis il se produit une altération : de même que dans l’accroissement il y a d’abord le mouvement de déplacement, ensuite le mouvement dans le genre de la qualité[1] ; de même, il y a ici d’abord le mouvement de déplacement, ensuite la composition ou la décomposition, selon que les choses se rapprochent ou s’éloignent[2]. Souvent aussi la décomposition est accompagnée ou suivie d’un mouvement de déplacement, mais les choses qui se séparent éprouvent une modification différente du mouvement de déplacement ; de même, la composition est une modification qui suit le mouvement de déplacement, mais qui a une nature différente.

Faut-il donc admettre que la composition et la décomposition soient des mouvements qui existent par eux-mêmes et y ramener l’altération ? Être devenu dense, dit-on, c’est avoir subi une altération, c’est-à-dire avoir été composé ; d’un autre côté, être devenu rare, c’est également avoir subi une altération, c’est-à-dire avoir été décomposé ; lorsqu’on mélange de l’eau et du vin, par exemple, chacune de ces deux choses devient autre qu’elle n’était, et c’est la composition qui a opéré l’altération. — Nous répondrons qu’ici la composition et la décomposition précèdent sans doute certaines altérations, mais que ces altérations sont autre chose que des compositions et des décompositions : les autres altérations ne sont pas des compositions et des décompositions ; la condensation ainsi que la raréfaction ne se ramènent pas non plus à ces mouvements et n’en sont pas composées ; sinon, on serait conduit à

  1. C’est la théorie d’Aristote. Voy. De la Génération, I, 5.
  2. C’est aussi la théorie d’Aristote. Voy. De la Génération, I, 10.