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LIVRE TROISIÈME.

XXVII. Occupons-nous maintenant de la stabilité (στάσις (stasis)) ou du repos (ἡρεμία (hêremia)), qui est le contraire du mouvement[1]. Faut-il en faire un genre ou le ramener à quelqu’un des genres déjà reconnus ?

D’abord, la stabilité convient plutôt au monde intelligible, et le repos au monde sensible. Examinons donc ce qu’est le repos. S’il est identique à la stabilité, il est inutile de le chercher ici-bas où rien n’est stable, où ce qui paraît stable a seulement un mouvement plus lent. Si le repos est différent de la stabilité, parce que celle-ci appartient à ce qui est complètement immobile, et le repos à ce qui est actuellement fixe, mais est naturellement mobile même lorsqu’il ne se meut pas, il faut établir la distinction suivante. Si l’on considère le repos ici-bas, ce repos est un mouvement qui n’a pas encore cessé, mais est imminent ; si l’on entend par repos la cessation complète du mouvement dans le mobile, il faut examiner s’il y a ici-bas quelque chose qui soit absolument sans mouvement. Comme il est impossible qu’une chose ait à la fois toutes les espèces de mouvement, qu’il y a nécessairement des mouvements qui ne sont pas réalisés en elle (puisqu’on dit qu’il y a en elle tel ou tel mouvement), quand une chose n’éprouve pas de déplacement et se repose par rapport à ce mouvement, ne doit-on pas dire d’elle à cet égard qu’elle ne se meut pas ? Le repos est donc la négation du mouvement[2]. Or la négation ne constitue pas un genre. La chose que nous considérons est en repos seulement par rapport au mouvement local : repos exprime donc ici uniquement la négation de ce mouvement.

On dira peut-être : pourquoi le mouvement n’est-il pas plutôt la négation du repos ? Nous répondrons alors que le

  1. Voy. le passage d’Aristote cité ci-dessus p. 290, note 3.
  2. Cette phrase est citée par Simplicius, Commentaire des Catégories, f. 109, e.