Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/365

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LIVRE QUATRIÈME.
L’ÊTRE UN ET IDENTIQUE EST PARTOUT PRÉSENT TOUT ENTIER, I.

I. Est-ce parce que le corps de l’univers a telle grandeur que l’Âme est partout présente à l’univers, étant naturellement divisible dans les corps ? Ou bien est-ce par elle-même qu’elle est partout présente ? Dans le second cas, elle n’a pas été entraînée partout par le corps, mais le corps l’a trouvée existante partout avant lui : de cette manière, en quelque endroit qu’il ait été placé, il y a trouvé l’Âme présente avant qu’il fût lui-même une partie de l’univers, et le corps total de l’univers a été placé dans l’Âme qui existait déjà[1].

Mais si l’Âme avait une telle extension avant que le corps ne s’approchât d’elle, si elle remplissait déjà tout l’espace, comment peut-elle ne pas avoir de grandeur ? Comment d’ailleurs a-t-elle été présente dans l’univers quand celui-ci n’existait pas encore ? Comment enfin, étant regardée comme indivisible et inétendue, est-elle partout présente sans avoir de grandeur ? Si l’on répond qu’elle s’est étendue avec le corps de l’univers sans être elle-même corporelle, on ne résout pas encore la question en attribuant ainsi à l’Âme la grandeur par accident : car il serait alors raisonnable de demander comment elle est devenue grande par accident. L’Âme ne saurait s’étendre dans le corps

  1. Ce livre a été commenté par Porphyre dans ses Principes de la théorie des intelligibles, § xxxiv-xl (Voy. notre tome I, p. lxxv-lxxxi). Pour les autres Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume.