Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/480

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
419
LIVRE SEPTIÈME.

l’âme végétative ? Non, elles sont les actes de l’âme [raisonnable] qui engendre l’animal[1], laquelle est une âme plus puissante et par cela même plus vivante. L’âme disposée de telle façon, présente à la matière disposée de telle façon (puisque l’âme est telle chose, selon qu’elle est dans telle disposition), même sans le corps, est ce qui constitue l’homme[2]. Elle façonne dans le corps une forme à sa ressemblance. Elle produit ainsi, autant que le comporte la nature du corps, une image de l’homme, comme le peintre lui-même fait une image du corps ; elle produit, je le répète, un homme inférieur [l’homme sensitif, l’animal], qui possède la forme de l’homme, ses raisons, ses mœurs, ses dispositions, ses facultés, mais d’une manière imparfaite, parce qu’il n’est pas le premier homme [l’homme intellectuel]. Il a des sensations

    désigner les facultés de l’âme sensitive et végétative. Voy. le passage cité dans les Éclaircissements du tome II, p. 369.

  1. « L’âme est l’animal en puissance. » (Enn. II, liv. V, § 3 ; t. II, p. 230).
  2. ἡ ψυχὴ ἡ τοιαύτη ἡ ἐγγενομένη τῇ τοιαύτῃ ὔλῃ, ἄτε οὖσα τοῦτο οἷον οὔτω διαϰειμένη, ϰαὶ ἄνευ τοῦ σώματος, ἄνθρωπος (hê psuchê hê toiautê hê eggenomenê tê toiautê hulê, ate ousa touto hoion outô diakeimenê, kai aneu tou sômatos, anthrôpos). Dans cette définition, Plotin s’est proposé d’exprimer deux idées : 1o L’âme est l’homme (principe emprunté à Platon ; Voy. la note suivante) ; 2o L’âme est la cause et le principe du corps vivant (idée empruntée à Aristote, De l’Âme, II, 4 ; p. 189 de la trad.). Les expressions : l’âme disposée de telle façon, la matière disposée de telle façon [organisée], l’âme est telle chose selon qu’elle est dans telle disposition, paraissent empruntées à Aristote : « Pour chaque être il faut chercher spécialement quelle est l’âme dont il est doué ; et ainsi, quelle est l’âme de la plante, celle de l’homme ou celle de la bête (De l’Âme, II, 3 ; p. 183 de la trad.). L’âme est dans le corps fait de telle façon (ibid., II, 2 ; p. 179 de la trad.)… D’autres philosophes se bornent à dire ce qu’est l’âme sans dire un mot du corps qui doit la recevoir, comme s’il était possible, ainsi que le veulent les fables pythagoriciennes, que la première venue entrât par hasard dans le premier corps venu. Chaque chose, au contraire, paraît avoir une espèce et une forme qui lui sont propres. » (Ibid. I, 3 ; p. 134 de la trad.) Plotin s’est évidemment proposé d’éviter, dans sa définition de l’homme, d’encourir le reproche