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LIVRE SEPTIÈME.

[sensitif], qui par lui-même est obscur, est éclairé par cette illumination (ἐλλάμψει (ellampsei)).

VI. Comment donc la puissance sensitive est-elle dans l’âme supérieure [dans l’âme raisonnable] ? — Elle est en elle comme les choses sensibles sont dans le monde intelligible. C’est ainsi que [par cette puissance sensitive] l’âme sent l’harmonie sensible, parce que l’homme sensitif [percevant par la sensibilité contenue dans l’âme raisonnable] ramène à l’harmonie intelligible tout ce qui lui est inférieur. Le feu d’ici-bas a de la ressemblance avec le feu qui est là-haut et que l’âme supérieure sentait [avant d’être ici-bas] d’une manière conforme à la nature de ce feu[1]. Si les corps qui sont ici-bas étaient aussi là-haut, l’âme supérieure les sentirait et les percevrait. L’homme qui existe là-haut est une âme disposée de telle façon (τοιαύτη (toiautê)), capable de percevoir ces objets : de là vient que l’homme du dernier degré [l’homme sensitif], étant l’image de l’homme qui existe là-haut, a des raisons [des facultés] qui sont aussi les images [des facultés que possède l’homme supérieur]. L’homme qui existe dans l’Intelligence divine constitue l’homme supérieur à tous les hommes. Il illumine le second [l’homme raisonnable], qui à son tour illumine le troisième [l’homme sensitif]. L’homme du dernier degré possède en quelque sorte les deux autres : il n’est pas produit par eux, il leur est plutôt uni. L’homme qui nous constitue a pour acte l’homme du dernier degré[2]. Celui-ci reçoit quelque chose

  1. Ficin donne de ce passage le commentaire suivant dont nous lui laissons la responsabilité : « Anima nostra sensum adeo radicitus habet ut sensu quodam semper utatur. Nam extra terrenum corpus per corpus aerium sentit in aere, et per cœleste corpus in cœlo, hic quidem aeria maxime, ibo vero cœlestia. Quin etiam extra cœlum intimo quodam imaginationis sensu ipsa intelligentiæ notiones in conceptus transformat imaginabiles. »
  2. Il y a dans le texte τρίτου (tritou), le troisième en remontant. Nous mettons premier pour plus de clarté, afin d’être d’accord avec ce qui précède.