Aller au contenu

Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/491

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
430
SIXIÈME ENNÉADE.

L’Être doit être à la fois un et multiple ; or il ne peut être multiple si toutes les choses qui se trouvent en lui sont égales ; il serait alors l’Un absolu. Il faut donc, puisqu’il forme un tout composé, qu’il soit constitué par des choses qui aient entre elles des différences spécifiques, de telle sorte que son unité laisse subsister les choses particulières, telles que les formes et les raisons [essences]. Les formes, comme celle de l’homme, doivent renfermer toutes les différences qui leur sont essentielles. Quoiqu’il y ait unité dans toutes ces formes, il s’y trouve cependant des choses plus ou moins relevées les unes que les autres, l’œil et le doigt par exemple : tous ces organes sont impliqués dans l’unité de l’animal, et ils ne sont inférieurs que relativement à l’ensemble. Il valait mieux qu’il en fût ainsi. La raison [l’essence de l’animal] est animal et de plus quelque chose de différent de l’animal. La vertu a aussi un caractère général et un caractère individuel. L’ensemble [du monde intelligible] est beau, parce que ce qui est commun [à toutes les essences] n’offre pas de différence.

XI. S’il est dit [dans le Timée] que le ciel n’a dédaigné de recevoir aucune des formes des animaux, dont on voit un si grand nombre, c’est que cet univers devait renfermer l’universalité des choses. — D’où tient-il toutes les choses qu’il renferme ? Les a-t-il reçues de là-haut ? — Oui : il a reçu de là-haut toutes les choses qui ont été produites par la raison et d’après une forme intelligible. — Mais, de même qu’il contient du feu et de l’eau, il doit contenir aussi des végétaux. Or comment peut-il y avoir des végétaux dans le monde intelligible ? Comment la terre, le feu y sont-ils des choses vivantes ? Car, ou ce sont des choses vivantes, ou ce sont des choses mortes ; dans le second cas, tout ne serait pas vivant dans le monde intelligible. Dans quel état les objets dont nous parlons se trouvent-ils donc là-haut ?

D’abord, on peut montrer que les végétaux n’ont rien de contraire à la raison, puisque ! même ici-bas, il y a dans