Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/687

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
626
PORPHYRE.

Platon, s’expriment sur ce sujet d’une manière énigmatique dans ses écrits secrets (ἐν ἀποῤῥήτοις), dit : Tout est autour du Roi et est par lui : il est la cause de toutes les choses qui sont belles ; le second principe préside aux choses du second ordre, et le troisième principe aux choses du troisième ordre[1]. Ainsi, selon Platon, toutes choses dépendent des trois Dieux : elles dépendent au premier degré du Roi de tout ; au second degré, du Dieu qui procède de lui ; au troisième degré, du Dieu qui procède du second. » (Saint Cyrille, Contre Julien, I, p. 34[2].)

IV. Invocation à Dieu[3].

Père immortel et ineffable, Prophète éternel, Seigneur qui es porté par la voûte éthérée du ciel auquel tu imprimes un mouvement circulaire[4], toi qui des hauteurs où tu as établi le siége de ta toute-puissance vois tout et prêtes à nos prières une oreille bienveillante, écoute tes enfants, que tu as placés ici-bas où tout change sans cesse. C’est au-dessus du monde et du ciel étoilé que réside ta toute-puissance, brillante d’un éternel éclat. Appuyé sur elle et rayonnant de lumière, tu communiques à l’Intelligence infinie la vie qui jaillit de ton sein en fleuve intarissable[5]. Cette Intelligence elle-même enfante l’univers en produisant la matière impérissable, qu’on nomme génération[6] parce que tu l’enchaînes par les formes. C’est ainsi que tu es entouré par les saints rois qui te doivent l’existence[7], ô souverain maître de tous les êtres mortels, ô père des immortels bienheureux. Il y a aussi une autre espèce de rois auxquels

  1. Cette citation est empruntée à la Lettre 2 de Platon. Voy. ci-dessus p. 18, note 1.
  2. Saint Cyrille porte dans le même ouvrage le jugement suivant sur la théorie néoplatonicienne des trois hypostases : « Lorsqu’ils admettent trois hypostases principales et qu’ils affirment que la substance de Dieu s’étend jusqu’à trois hypostases, lorsqu’ils emploient quelquefois le nom même de la Trinité, ils sont d’accord avec les croyances des Chrétiens, et il ne leur manquerait rien s’ils voulaient bien appliquer aux trois hypostases le terme de consubstantialité, pour faire concevoir l’unité de Dieu en qui la triplicité n’implique pas une différence de nature, et en qui les hypostases ne sont pas inférieures l’une à l’autre. » (Contre Julien, VIII, p. 270.) Voy. encore les autres passages de saint Cyrille cités ci-dessus, p. 5, note 1 ; p. 6, note 3 ; p. 14, notes 2-3 ; p. 15, note 1.
  3. Porphyre, Philosophie tirée des Oracles, livre X, fragment édité par A. Mai à la suite de la Lettre à Marcella, p. 63.
  4. Voy. Plotin, t. I, p. 161.
  5. Voy. t. II, p. 230.
  6. Voy. t. III, p. 248.
  7. Voy. t. III, p. 75.