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SAINT BASILE.

La nature et la puissance de l’Esprit-Saint se révèlent encore avec plus d’éclat dans la manière dont il embrasse et gouverne par sa volonté les saints et toutes les créatures raisonnables. Il s’est donné lui-même à toute la multitude des puissances célestes et à la foule des saints. Il a sanctifié et tous les êtres saints, grands ou petits, et les anges, et les archanges. Quoique les corps soient placés dans des lieux divers, que les autres puissances aient elles-mêmes quelque intervalle entre elles, l’Esprit-Saint ne se divise pas comme ces êtres, il ne se fractionne pas pour communiquer à chaque individu la vie divine, mais il fait vivre tous les êtres par sa puissance tout entière. Il est présent partout, il ressemble à Dieu qui l’envoie : il lui ressemble et par son existence, et par son ubiquité, et par le privilége qu’il a d’être présent également dans toutes les créatures. » Gabriel saluant Marie, et un autre ange saluant ailleurs quelqu’un des saints, chacun des prophètes au moment où il prophétisait, Paul annonçant l’évangile à Rome, Jacques à Jérusalem, Marc à Alexandrie, et d’autres dans des villes différentes : tous étaient remplis de l’Esprit-Saint, sans qu’aucun intervalle empêchât la même grâce de Dieu d’agir de la même manière. C’est par l’Esprit-Saint que Dieu est chacun des saints. C’est à eux qu’il a été dit au nom de Dieu : Je l’ai dit ; vous êtes tous dieux et fils du Très-Haut[1] ; et : Le Dieu des dieux, c’est-à-dire des saints, le Seigneur a parlé[2] ; et encore :


PLOTIN.

« Mais la nature et la puissance de l’Âme se révèlent encore avec plus d’éclat dans la manière dont elle embrasse et gouverne le monde par sa volonté. Elle est présente dans tous les points de ce corps immense, elle en anime toutes les parties, grandes ou petites. Quoique celles-ci soient placées dans des lieux divers, elle ne se divise pas comme elles, elle ne se fractionne pas pour vivifier chaque individu. Elle vivifie toutes choses en même temps, en restant toujours entière, indivisible, semblable par son unité et son universalité à l’Intelligence qui l’a engendrée. » C’est sa puissance qui maintient dans les liens de l’unité ce monde d’une grandeur et d’une variété infinie. Si le ciel, le soleil, les astres sont des dieux, c’est par la présence de l’Âme. C’est par elle que nous-mêmes nous sommes quelque chose : car un cadavre est plus vil que le vil fumier.

  1. Psaumes, LXXXI, 6.
  2. Psaumes, LIX, 1.