Dans plusieurs passages, il appelle Idée l’Être et l’Intelligence. Il enseigne donc que du Bien naît l’Intelligence ; et de l’Intelligence, l’Âme. Cette doctrine n’est pas nouvelle : elle fut professée dès les temps les plus anciens, mais sans être développée explicitement ; nous ne voulons ici qu’être les interprètes des premiers sages et montrer par le témoignage même de Platon qu’ils avaient les mêmes dogmes que nous[1].
Le premier qui ait professé cette doctrine est Parménide, qui identifie l’être et l’intelligence et ne place pas l’être dans les choses sensibles : « Car, dit-il, la pensée est la même chose que l’être[2].» Il ajoute que l’être est immobile[3], tout en lui accordant la pensée ; il refuse à l’être tout mouvement corporel, afin qu’il demeure toujours le même. Il le compare encore à une sphère[4], parce qu’il contient tout enveloppé dans son sein, et qu’il ne tire pas la pensée du dehors, mais de lui-même. Quand il le nomme un dans ses écrits, il veut parler de sa Cause, comme s’il reconnaissait que cette unité [de l’être intelligible] implique multiplicité. Il parle dans le dialogue de Platon avec plus
- ↑ Voy. sur ce point les Éclaircissements du tome I, p. 498. Ce passage est cité par saint Cyrille, Contre Julien, IV, p. 145.
- ↑ τὸ γὰρ ἀυτὸ νοεῖν ἐστί τε ϰαὶ εἶναι (to gar auto noein esti te kai einai). Ce vers est cité aussi par Clément d’Alexandrie, Stromates, VI, p. 627.
- ↑ « Mais l’être est immobile dans les limites de ses grands liens ; il n’a ni commencement ni fin, puisque la naissance et la mort se sont retirées fort loin de lui, et que la conviction vraie les a repoussées. Il reste donc le même en lui-même et demeure en soi ; ainsi il reste stable : car une forte unité le retient sous la puissance des liens et le presse tout autour. C’est pourquoi il n’est pas admissible qu’il ne soit pas infini : car il est l’être qui ne manque de rien, et s’il ne l’était pas, il manquerait de tout. » (Parménide, vers cités par Simplicius, Comm. sur la Physique d’Aristote, fol. 9.)
- ↑ « Or, l’être possède la perfection suprême, étant semblable à une sphère entièrement ronde. » (Parménide, vers cités par Platon, Sophiste, p. 244.)