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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/121

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ÉCOUTE LA LECTURE DES POËTES.

que les précédentes ont pour effet de porter le trouble chez les hommes[1].

Produisons encore quelques rapprochements. Euripide a dit :

Les dieux sont les plus forts, et par mille moyens
Ils abusent l’esprit des malheureux humains.

A cette pensée il n’est pas inutile d’opposer celle-ci :

Si les dieux font du mal, ce ne sont plus des dieux.

Voilà, du moins, une maxime plus convenable exprimée par le même auteur. A Pindare, qui a dit avec une amertume et une violence extrêmes :

Pour vaincre un ennemi toute ressource est bonne[2],

vous répondez, de vous-même, par cet autre passage :

Au prix de la vertu contenter ses désirs
C’est mettre l’amertume au fond de ses plaisirs[3],

A Sophocle disant :

Même acquis par mensonge, un gain plaira toujours,

nous faisons observer, que nous l’avons entendu s’écrier lui-même :

L’artifice au menteur ne profite jamais.

A cette tirade du même, sur la richesse :

Accessibles ou non, l’or pénètre en tous lieux.
Il tourne à son profit ce dont les malheureux
Même en le possédant ne sauraient faire usage.
Quiconque est riche est tout : sans sagesse il est sage.
L’or même à la laideur donne un teint de beauté[4],

on opposera beaucoup d’autres passages du même auteur, entre autres ceux-ci :

Le mérite indigent sait se faire honorer ;

  1. Au lieu de : « porter le trouble », Amyot et, après lui, Ricard, entendent : « charmer, divertir, étonner ». Il nous a paru que ce sens fausserait la portée de toutes ces diverses citations.
  2. Isthmiques, IV, 81.
  3. Isthmiques, V, 67.
  4. Ces deux derniers vers sont de Boileau, Satire VIII, 209 ; et il se trouve qu’ils traduisent assez exactement le Grec.