Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 3, 1870.djvu/591

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affaires dont Mésoromasde a voulu que vous prissiez soin. » Mais quand un souverain est sage et instruit, il a en soi-même une voix qui lui tient toujours ce langage et qui lui rappelle ses devoirs. Polémon disait de l’amour, que c’est la personnification de la sollicitude active dont les Dieux entourent les jeunes gens. Il serait plus vrai de dire, que les princes sont la personnification de la vigilance conservatrice exercée par l’Etre souverain à l’égard des hommes, afin que par l’entremise de ces princes les faveurs que le Ciel accorde ici-bas soient les unes distribuées, les autres placées en réserve. "Voyez l’air qui circule inondé de lumière, Et de ses bras moëlleux environne la terre". C’est de lui que descendent, en principe, les germes indispensables : la terre ne fait que les reproduire. Ils se développent les uns sous l’influence des pluies, les autres sous celle des vents, d’autres par la chaleur des astres et de la lune. Mais c’est le soleil qui embellit chaque chose, qui mêle à tous les objets un charme émané de lui-même. Et pourtant, ces présents, ces biens si multipliés et si considérables, que la faveur des Dieux prodigue aux humains, il n’est pas possible d’en jouir, d’en faire un usage honnête, s’il n’y a point de loi, point de justice, point de chef. La justice est la fin que la loi se propose. La loi est l’œuvre du souverain, et le souverain représente Dieu, régulateur suprême. Il n’est pas nécessaire qu’un Phidias façonne une image de ce Dieu, non plus qu’un Polyctète ou un Myron. C’est le souverain même, qui par sa vertu réalise la ressemblance avec Dieu, et qui exécute de toutes les statues la plus agréable à voir et la plus digne de la Divinité. Comme à la voûte céleste Dieu attacha le soleil pour que