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Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 4, 1870.djvu/633

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CONTRE COLOTÈS.

les mouvements de l’esprit, les adhésions, vous prétendez, dis-je, que tout cela n’est rien !

23. Quoi qu’il en soit, voici ce que veut dire Stilpon : Si nous affirmons d’un cheval qu’il court, Stilpon remarque que ce qui est affirmé n’est pas la même chose que le sujet à propos duquel on l’affirme. Il veut qu’il y ait une différence : que la nature du mot exprimant l’idée « homme » ne soit pas la même que celle du mot exprimant l’idée « bon ». Pareillement, « être cheval » sera autre chose que « courir » ; et si l’on nous demande la définition de l’un et de l’autre, nous ne donnerons pas la même pour tous les deux. Par conséquent ce serait se tromper que d’affirmer de l’un ce qu’on affirme de l’autre. En effet, si « homme » et « bon », si « cheval » et « courir », sont une même chose, comment « bon » peut-il s’affirmer d’un mets et d’un médicament ? Comment encore, par Jupiter, disons-nous aussi bien d’un lion que d’un chien, qu’ « il court » ? Mais si ce n’est pas une même chose, nous avons tort de dire « qu’un homme est bon », « qu’un cheval court ». Admettons qu’en cela Stilpon soit trop tranchant, puisqu’il ne laisse subsister aucun lien entre le sujet et ce qui est dans le sujet ou ce qui en est affirmé, puisqu’il croit que si chacun de nous n’est pas absolument la même chose que ce qui est en nous un accident, on ne doit pas affirmer ce dernier comme accident. Il est bien vrai que la répugnance de Stilpon pour certains mots fait qu’il s’élève contre les façons ordinaires de parler ; mais il ne supprime ni la vie ni les affaires de ce monde : la chose est bien évidente.

24. Revenu de cette campagne qu’il a fournie contre les anciens, Colotès s’attaque aux philosophes de son temps. Il ne cite aucun d’eux par leur nom, et pourtant il aurait été convenable de les réfuter eux aussi nominativement, ou bien de ne pas nommer non plus les anciens. C’est ce dont il s’abstient. Après avoir fait revenir tant de fois sous sa plume les noms de Socrate, de Platon, de Parménide, il évite de désigner les vivants ; mais il est visible que c’est par crainte et non par un sentiment de modération : car il n’a-