Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/105

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attaquer personne, mais de repousser vigoureusement ceux qui voudraient lui faire violence.

VIII. Comme il traversait le territoire d’Épidaure, un brigand nommé Périphétès, armé ordinairement d’une massue, ce qui lui avait fait donner le surnom de Corynètès, l’arrêta, et voulut l’empêcher de passer. Thésée le combattit et le tua. Charmé d’avoir gagné sa massue, il la porta toujours depuis, comme Héraclès portait la peau du lion de Némée. Cette dépouille faisait connaître quel énorme animal Héraclès avait tué ; et Thésée, en portant cette massue, faisait voir qu’il avait pu la prendre à un autre, mais qu’elle serait imprenable dans ses mains. De là étant passé à l’isthme de Corinthe, il fit, périr Sinis par le même supplice que ce brigand faisait souffrir aux passants ; non que Thésée eût jamais appris ou exercé de pareilles cruautés, mais il voulait montrer que la vertu est toujours supérieure à l’art même le plus exercé. Sinis avait une fille grande et belle, nommée Périgouné, qui, voyant son père mort, avait pris la fuite. Thésée la cherchait de tous côtés dans un bois épais, rempli d’épines et d’asperges sauvages, où elle s’était jetée. Elle adressait la parole à ces plantes avec une simplicité d’