Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/168

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bonheur, surpasserait tous les hommes de son temps. Tarchétius fit part à une de ses filles de la réponse de l’oracle, et lui ordonna de l’accomplir. Elle le refusa, et envoya à sa place une de ses suivantes. Tarchétius, l’ayant su, en fut si irrité qu’il commanda qu’on les prît toutes deux et qu’on les fît mourir. Mais Vesta lui apparut en songe, et lui défendit de leur ôter la vie. Il leur donna donc une toile à faire dans la prison, et leur promit de les marier quand elle serait achevée. Elles y travaillaient toute la journée, et pendant la nuit d’autres femmes venaient, par ordre de Tarchétius, défaire leur ouvrage. Cependant la suivante accoucha de deux jumeaux, que le roi remit à un certain Tératius, pour qu’il les fît périr. Cet homme les exposa sur le bord du fleuve, où une louve vint les allaiter, et où des oiseaux de toute sorte leur apportaient de la nourriture, et la leur donnaient par petites bouchées. Un bouvier qui s’en aperçut, frappé d’abord d’étonnement, osa cependant s’approcher, et emporta les enfants. Sauvés ainsi par une espèce de miracle, dès qu’ils furent assez grands, ils allèrent attaquer Tarchétius, et le défirent. Tel est le récit d’un certain Promathion (3), dans son Histoire d’Italie.