Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/222

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pas : mais les sénateurs, arrêtant ses perquisitions, lui ordonnent d’honorer Romulus, qui vient d’être enlevé parmi les dieux, et qui désormais sera pour eux, au lieu d’un roi doux et humain, une divinité propice. Le petit peuple les crut sur parole ; ravi de joie et plein d’espérance, il se retira en adorant le nouveau dieu. Mais d’autres, animés par le ressentiment et la vengeance, poussèrent plus loin leurs recherches, et causèrent de vives inquiétudes aux sénateurs, en les accusant d’être les meurtriers du roi, et de chercher à couvrir leur crime par des contes ridicules.

XXXVIII. Pendant le tumulte que cet incident fit naître, un des premiers patriciens, généralement estimé pour sa vertu, qui avait suivi Romulus d’Albe à Rome, et avait joui de la confiance et de la familiarité de ce prince, Julius Proculus, s’avança au milieu de la place publique ; et là, en présence de tout le peuple, il jura, par ce qu’il y avait de plus sacré, qu’en revenant de l’assemblée Romulus lui avait apparu plus grand et plus beau qu’il ne l’avait jamais vu, et couvert d’armes plus brillantes que le feu ; qu’à cette vue, saisi d’étonnement, il lui avait dit :

« Ah ! prince, que vous avons-nous fait ? et pourquoi nous