Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/228

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eue avec les Sabins par le même 138 moyen. Cette proposition troubla fort les Romains : si d’un côté ils craignaient la guerre, ils voyaient, de l’autre, que livrer leurs femmes et leurs filles, c’était se mettre sous la dépendance absolue des Latins. Dans cette perplexité, une esclave nommée Philotis, ou Tutula selon d’autres, vint leur conseiller de ne suivre aucun de ces deux partis, mais d’employer la ruse pour éviter et de faire la guerre et de livrer de pareils otages. La ruse consistait à envoyer aux ennemis Philotis elle-même, avec les plus belles esclaves, vêtues en femmes de condition libre : la nuit, Philotis élèverait, du camp des ennemis, un flambeau allumé ; à ce signal, les Romains sortiraient en armes, et auraient bon marché des Latins, qu’ils trouveraient endormis. Son conseil fut suivi, et les ennemis donnèrent dans le piège. Philotis plaça le signal convenu au haut d’un figuier sauvage, sur lequel elle avait étendu par derrière des couvertures, afin que les ennemis ne pussent voir la lumière du flambeau, et qu’elle ne fût vue que des Romains. Dès que ceux-ci l’aperçurent, ils sortirent promptement, en s’appelant les uns les autres aux portes de la ville, afin de s’animer réciproquement. Ils surprirent les ennemis, et les taillèrent en pièces. C’est, dit-on, pour conserver